La décision des autorités algériennes de refuser le transfert pour analyse en France des échantillons prélevés sur les restes des sept religieux français assassinés en 1996 à Tibéhirine, en Algérie, constitue un «scandale» décrié par les familles des victimes, a affirmé jeudi le quotidien français «Le Figaro». «L'Algérie provoque l'indignation des familles en refusant que les échantillons des victimes soient analysés en France», souligne le journal sur son site internet, notant que les autorités algériennes ont bloqué le transfert vers la France des échantillons des corps, enfin exhumés la semaine dernière par une mission d'experts français. Les proches des victimes crient à l'entrave de la vérité et de l'enquête visant à faire «enfin le jour sur les circonstances de la mort des moines de Tibéhirine», relève Le Figaro, indiquant que pour les familles des victimes, qui attendent la vérité depuis dix ans sur l'assassinat de leurs parents, «le blocage des preuves par l'Algérie est contraire à toutes les règles de droit». «Nous sommes indignés car l'examen des échantillons pourrait déboucher sur des avancées très significatives», a déploré Patrick Baudouin, avocat des familles, cité par le journal, expliquant que la qualité des prélèvements pourrait «fournir de précieuses indications, notamment permettre de savoir enfin si les décapitations sont ante ou post-mortem». L'analyse des échantillons permettrait aussi de «dater précisément la date de la mort des moines, ce qui est capital», a ajouté M. Baudouin. Une équipe technique française, menée par des magistrats et comprenant une quinzaine de personnes dont un médecin légiste, un anthropologue, un radiologue et un expert en empreintes génétiques, était partie le 12 octobre vers l'Algérie, rappelle le journal, ajoutant qu'après une réunion de «calage» le 13 octobre à Alger, les spécialistes avaient disposé de quatre jours pour procéder aux examens des têtes au monastère de Notre Dame de l'Atlas de Tibéhirine, sur les hauteurs de Médéa, à 90 kilomètres au sud d'Alger. La mission d'experts a aussi radiographié les crânes pour déceler d'éventuelles traces suspectes de perforations par balles, et établir à quel moment les décapitations ont été effectuées, poursuit le quotidien. «Ces interrogations cruciales sont au cœur d'un dossier qui a pris, au fil des années, les contours d'une affaire d'Etat», affirme la publication, précisant que «si la culpabilité du Groupe islamiste armé (GIA) ne fait guère de doute aux yeux d'Alger, cette thèse officielle s'est écornée à mesure qu'ont afflué les témoignages». «Les familles françaises exhortent désormais l'Algérie de coopérer, en livrant enfin les éléments de preuve d'où peut jaillir enfin la vérité sur ce qui ressemble bel et bien à un scandale d'Etat», poursuit le quotidien.