La baisse mondiale des cours du baril a entraîné à la fois un déficit de la balance commerciale et une pression sur la balance des paiements en Algérie. L'économie algérienne restera pendant de nombreuses années encore largement dépendante des recettes d'exportation des hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) dans lesquelles la part des ventes de gaz naturel est en progression rapide. Les députés algériens ont adopté en 2019, quelques mois avant la crise sanitaire, un projet de loi controversé afin de réformer le régime juridique et fiscal du secteur des hydrocarbures, dont se sont détournés les investisseurs étrangers. Depuis son adoption en conseil des ministres, le texte a suscité une virulente opposition en Algérie, où il est accusé de brader la richesse nationale aux multinationales, dans un contexte de contestation populaire massive du régime. Pour l'année 2021, «le pays devrait enregistrer selon les données des douanes algériennes un surplus commercial de plus de cinq milliards de dollars. Cette année 2021 exporte les exportations seront supérieures aux importations. En 2020, en pleine épidémie mondiale de coronavirus le prix du baril était tombé à 9 dollars. Le PIB du pays a chuté de plus de 40% depuis 2014» écrit TV5 Monde. «La santé de l'économie algérienne dépend fortement du niveau des prix des hydrocarbures» a affirmé l'économiste algérien, Camille Sari dans un entretien accordé à TV5 Monde. «Les revenus des exportations constituent un peu plus de 60% des recettes budgétaires de l'Etat algérien. Sans un prix élevé du baril de pétrole ou du prix du gaz, le gouvernement algérien doit puiser dans ses réserves pour payer les salaires des fonctionnaires ou les dépenses sociales», décrit l'économiste pour la chaîne. Les réserves de change du régime algérien étaient estimées à plus de 200 milliards de dollars en 2014. Aujourd'hui, elles ne dépassent pas les 30 milliards de dollars. «Le régime algérien dépend de cette manne pétrolière. C'est ce qu'il lui permet d'acheter une forme de paix sociale. Sous la présidence Bouteflika (1999-2019), le pouvoir avait reversé une partie des bénéfices de la rente pétrolière sous formes de subventions notamment sur les produits de première nécessité. Cette politique généreuse s'était alors arrêtée avec la chute des prix du baril et du gaz», explique Camille Sari. «Les primes des professeurs d'université dépendent par exemple des ressources budgétaires de l'Etat. Avec la chute des prix du baril, ces primes ont cessé d'être versées, explique Camille Sari. Le pouvoir d'achat de nombreux algériens dépend des revenus de l'Etat, tirés eux-mêmes des ressources en pétrole et en gaz», poursuit-il. Il est peu sûr que l'Etat algérien reprenne une politique sociale plus généreuse et relancer les salaires. «La consommation intérieure de gaz et de pétrole ne cesse d'augmenter en raison de la croissance démographique du pays» a pointé l'économiste. «Les Algériens consomment un peu plus de 50% de la production en hydrocarbures du pays. Et cette part dans les années à venir ne devrait pas cesser d'augmenter. La production de gaz et de pétrole n'arrive pas à suivre l'augmentation de la demande intérieure, malgré les efforts du gouvernement», précise l'économiste. «Le mirage du gaz de schiste n'a pas fait long feu. Les projets d'exploitation sont aujourd'hui à l'abandon.» «Entre l'augmentation de la consommation intérieure et la stagnation de la production de gaz et de pétrole, le volume des exportations d'hydrocarbures diminue de façon mécanique. L'Etat algérien doit toujours compter sur un prix plus élevé du baril de pétrole pour s'en sortir au niveau budgétaire» a-t-on mentionné. Avec un baril à plus de 100 dollars dans les années 2000, le pouvoir algérien avait les marges de manœuvres nécessaires pour transformer l'économie du pays selon Camille Sari. «Mais rien n'a été fait. Le pays importe ses biens de première nécessité et n'exporte que des énergies fossiles», constate amer l'économiste.