La décision tunisienne de ne pas voter le prolongement du mandat de la Minurso étonne toujours, et la thèse d'un immense imbroglio au plus haut sommet de l'Etat tunisien prend forme. Khemaies Jhinaoui, ancien ministre des affaires étrangères tunisien (2016-2019), s'est exprimé sur l'incompréhensible abstention de la Tunisie lors du vote, le 29 octobre, de la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l'ONU prolongeant le mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Membre non-permanent du Conseil de sécurité, la Tunisie a été l'un des deux pays (avec la Russie), sur quinze votants, à exprimer ainsi son détachement du texte onusien. «La relation personnelle entre Kaïs Saïed et Abdelmadjid Tebboune a pris un nouveau virage au dépens des relations maroco-tunisiennes», a-t-on indiqué dans une émission tunisienne. Selon M. Jhinaoui, «il s'agit d'une décision inconcevable, immotivée, une position qui n'a contenté ni l'Algérie (qui réclamait plus), ni le Maroc, qui a été mécontenté par une attitude complaisante envers Alger. Rappelons également que la Tunisie a approuvé l'adoption de la résolution 2548 (2020), l'année précédente». L'abstention de la Tunisie est une position d'autant plus étrange qu'elle a été suivie d'une prise de parole de Walid Hajjem, conseiller du président Kaïs Saïed et porte-parole officieux du palais de Carthage à l'agence TAP, dans laquelle il indique que la Tunisie accueille favorablement et avec satisfaction ladite résolution. Comment peut-on déclarer soutenir l'esprit d'un texte que l'on s'est refusé à s'y rallier ? En adoptant le 29 octobre la résolution 2602 (2021), le Conseil de sécurité des Nations-Unies proroge pour douze mois le mandat de la Minurso, jusqu'au 31 octobre 2022. Selon le document, le Conseil dit appuyer pleinement «les efforts du Secrétaire général pour maintenir le processus de négociation afin de parvenir à un règlement de la question du Sahara occidental». «Ce texte conforte et confirme le continuum du processus des tables rondes avec ses modalités et avec ses quatre participants – le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le Polisario – en tant que seul et unique cadre pour le règlement du différend régional autour du Sahara», a précisé Omar Hilale, l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, lors de sa conférence de presse à New York au Conseil de sécurité à la suite de l'adoption de la nouvelle résolution.