José Manuel Albares s'est exprimé lors d'un entretien accordé au Monde sur plusieurs sujets, dont la migration cmlandestine. Selon Madrid, près de 10 000 migrants algériens sont arrivés clandestinement depuis le début de l'année. Parmi ces «harraga», de plus en plus de femmes et d'enfants. La tension qui monte entre le Maroc et l'Algérie, partenaires de l'Espagne, préoccupe Madrid. «Quand se produisent des tensions entre deux partenaires stratégiques pour l'Espagne et pour toute la Méditerranée quant à la stabilité, le développement et la prospérité, il est évident que l'Espagne suit cela avec inquiétude. Nous allons essayer de faire en sorte que celles-ci ne conduisent à aucune forme d'escalade» a déclaré le chef de la diplomatie espagnole dans un entretien accordé au Monde. S'agissant des relations avec le Maroc : «Tous les signaux que nous recevons de Rabat sont positifs. J'en tiens pour preuve le discours qu'a tenu le roi Mohammed VI le 20 août, lors duquel il a défini la relation qu'il souhaite et qui est exactement celle que veut l'Espagne : une relation basée sur la confiance, la transparence, le respect mutuel et sans action unilatérale.» «Le Maroc a continué à se montrer un partenaire fondamental dans le contrôle des flux migratoires depuis cet été, notamment à Ceuta et Melilla. Mais les mouvements migratoires se déplacent toujours à la recherche des nouveaux chemins pour traverser la Méditerranée. Ce n'est pas nouveau. Parfois, c'est le nord du Maroc, d'autre fois la Libye, maintenant les Canaries... Nous sommes face à un problème structurel. Et tant que les inégalités entre l'Afrique et l'Europe sont ce qu'elles sont, il le restera. Or, si les problèmes conjoncturels ont des solutions, les problèmes structurels, eux, doivent être gérés» a affirmé le ministre. S'agissant des migrations : «Nous avons un dialogue satisfaisant avec beaucoup de pays du Maghreb et du Sahara occidental. Il faut adapter et rénover les alliances, car les gouvernements changent, les routes migratoires aussi. Pas seulement en Méditerranée, d'ailleurs. Nous voyons ce qui se passe en Biélorussie. C'est un problème à l'échelle de toute l'Union européenne (UE)» a noté le ministre. Le nombre d'Algériens arrivant sur les côtes du sud-est de l'Espagne ou des îles Baléares a connu une augmentation alarmante ces derniers mois. Un document des autorités espagnoles consulté par Barlamane.com indique que 9 664 Algériens sont entrés clandestinement en Espagne depuis le début de l'année, soit 20 % de plus qu'il y a un an. Selon l'agence européenne Frontex, ils constituent la première nationalité à entrer clandestinement en Espagne, et la troisième en Europe. Côté algérien, 4 704 harraga sur le départ ont été interceptés en 2021, dont plus de la moitié en septembre, d'après le ministère de la défense. «Il n'y a aucun pays de l'UE, aucun, qui peut affronter seul les mouvements migratoires qui confluent vers l'Europe. C'est pourquoi nous sommes très favorables à un pacte d'asile et d'immigration à l'échelle européenne, tout en disant qu'il est très important que les responsabilités et la solidarité soient réparties de manière équilibrée. La gestion des flux d'immigration illégale ne peut pas retomber exclusivement sur les Etats de première arrivée. Et c'est un pays qui a toujours assumé sa part de responsabilité qui le dit» a-t-il précisé.