Ce n'est pas précisément que la «réalité» soit en danger de périr ; et la confrérie des «maudits» — qui ne se compose encore, au surplus, que de quelques apôtres sans foi — n'a pas réussi jusqu'à ce jour ni ne réussira à faire croire que le mépris des faits serait le commencement de la sagesse ou le triomphe de la moralité. Les «articles» du controversiste Ali Lmrabet font comme une tache obscène à la devanture de Middle East Eye. C'est cela, le problème de chacune de ses révélations, qu'il assène, en se donnant des airs de délicat, c'est qu'elles tombent du ciel en terre, comme les aérolithes. Ali Lmrabet fausse la mesure de la réalité en lui communiquant l'étroitesse et la raideur de son propre esprit. Ce qui augmente notre étonnement, c'est qu'ayant fait choix d'un pareil contributeur, Middle East Eye n'ait pris contre lui aucunes sûretés, mais qu'il lui ait au contraire laissé carte blanche pour marteler ses mystifications. Prenons par exemple son dernier article (10 retweets, 16 likes et 3 citations). D'abord, le titre, racoleur, une habitude : «La youtubeuse qui fait trembler le régime marocain». c'est pour nous faire entendre que la destinée d'un grand pays comme le Maroc se joue dans des disputes où quelques plumitifs ne voient qu'une occasion d'étaler tout l'arsenal de leur insignifiance et de leur dialectique ? Peut-être. Et notons que tous ces grands mots, dont il a l'air de se remplir la bouche, n'expriment rien que d'assez insincère au fond. Ali Lmrabet ou l'art subtil de faire quelque chose avec rien. Dès le premier paragraphe, ou la première ligne, car il faut être exact, on y trouve la phrase que voici : «C'est une première (...) Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a concédé l'asile politique en Chine à deux youtubeurs et dissidents marocains. Et le plus étonnant encore, avec l'accord tacite des autorités chinoises.» Un mensonge éhonté. Barlamane.com a vérifié les données du site du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : en 2021 : six personnes ont obtenu l'asile en Chine : un Somalien et cinq Congolais, réinstallés respectivement aux Etats-Unis et au Canada. Aucun marocain ne figure dans la liste des exilés. Ces petites erreurs (volontaires?), parfaitement insignifiantes en soi, qui le seraient partout ailleurs, cessent de l'être et deviennent fâcheuses publiées sur un site étranger qui se soucie de présenter à ses lecteurs une information juste. C'est le grand défaut de Ali Lmrabet : ses contenus, qui témoignent d'une ardeur antimarocaine, témoignent aussi de quelque insuffisance d'informations, de lectures et de réflexions. «L'article» de Lmrabet; ne résistant pas à un examen un peu attentif, n'a trompé personne de son inauthenticité. «On a parfois accusé Lmrabet d'avoir altéré les faits dans l'intérêt de ses opinions propres. Nous sommes sortis de plusieurs travaux de comparaison convaincus qu'il est une plume peu consciencieuse et malhonnête» nous dévoile une source au fait de ses méthodes. «Depuis le mois d'août, la youtubeuse Dounia Moustaslim, plus connue sous son nom marital de Dounia Filali, et son époux Adnane Filali sont officiellement reconnus comme des réfugiés politiques marocains en République de Chine», écrit notre faussaire d'intérieur qui aime à flâner chez lui entre un préjugé et une contrevérité. Vérification faite, voici qu'on lit sur le site de la revue des migrations forcées : «Les demandeurs d'asile qui sont reconnus comme réfugiés reçoivent un certificat de réfugié délivré par le HCR. Ils sont autorisés à rester temporairement en Chine jusqu'à ce que le HCR leur trouve une solution durable, généralement la réinstallation dans un pays tiers car la Chine ne leur permet pas de se réinstaller localement. Ils n'ont pas le droit de travailler et dépendent du HCR pour leur fournir une assistance en ce qui concerne la nourriture, l'hébergement, les soins médicaux et l'éducation]. Ceux dont on estime qu'ils n'ont pas de motif légitime pour rester en Chine sont considérés comme des immigrants en situation irrégulière.» De qui sont les informations de Ali Lmrabet ? Cette question se trouve aujourd'hui posée, et de la façon la plus irritante, par suite de ces vérifications. «Adnane Filali n'a jamais vendu de poupées sexuelles gonflables. Et encore moins au Maroc. Quant aux 1 500 clients supposément escroqués, ils n'ont simplement jamais existé» note Lmrabet. Source ? son interlocuteur. Par la suite, Ali Lmrabet assène : «En mars, la pression s'est accrue quand la presse marocaine a révélé le type de visa utilisé par le couple en Chine. Familial pour Dounia Filali et de travail pour son mari. Qui a pu l'informer de ces détails ?» Réponse : son mari ! qui, dans son blog, a dévoilé depuis 2018 la mauvaise posture de son épouse. Plus loin dans l'article de Ali Lmrabet, cette phrase, qui allie bêtise et aberration : «La révélation de cet immense réseau d'espionnage [Pegasus] par la presse internationale réveille en quelque sorte les Chinois. De hauts responsables de la police de Shenzhen prennent le relais sur la police locale et convoquent le couple pour lui annoncer qu'ils reprennent l'enquête sur les menaces reçues». La Chine, fréquemment soupçonnée par les Occidentaux «d'espionnage et de cyberattaques» aurait été surprise par «les révélations» sur l'affaire Pegasus (que le Maroc récuse). Qui l'eût cru ? Enfin, en plus de gratifier ses rares lecteurs d'un petit name dropping, citant des membres de sa petite coterie tels Maâti Monjib, Taoufik Bouachrine, Omar Radi, Soulaiman Raissouni, Mohamed Ziane, entre autres, Ali Lmrabet pèche par incohérence. Il affirme d'abord : «C'est dire que rien ne prédestinait ce couple lié à la bourgeoisie oisive de Rabat à la dissidence politique», avant d'écrire : «Le couple n'a pas quitté le Maroc pour des raisons politiques, ni même économiques». L'opinion désintéressée d'un homme à qui n'ont pas suffi les opinions d'un couple d'escrocs, qui s'est fait à lui-même la sienne, et qui se l'est faite pour écrire son papier. Un article de Ali Lmrabet n'est plus guère aujourd'hui que l'expression du tempérament de son auteur. Ses discordances, pour ne pas dire ses contradictions, ne sont que facile à déceler. Ci-après, exemple de contenus produits par «la youtubeuse qui fait trembler le régime marocain» :