Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a averti, le 8 novembre, ses partenaires européens que l'Algérie «ne tolérera aucune ingérence dans ses affaires intérieures» et a souligné que l'Afrique du Nord «fait face à une crise multidimensionnelle qui ne se limite pas aux conflits en Libye et au dossier du Sahara.» Dans un discours devant la plénière des ambassadeurs algériens dans le monde, réunie aujourd'hui au Palais des Nations à Alger, le président algérien a indiqué que leur travail «devrait porter sur le renforcement des liens avec l'Union africaine, la Chine, les Etats-Unis et la Russie et l'expansion des relations avec l'Amérique latine, ainsi qu'à défendre les intérêts suprêmes de l'Etat algérien, protégeant sa sécurité et sa souveraineté face à un climat de tension régionale.» «Dans le cadre des relations bilatérales avec ses partenaires européens, l'Algérie ne tolérera aucune ingérence dans ses affaires intérieures et restera toujours ouverte à l'établissement de relations fondées sur le respect mutuel et l'engagement au plein respect du principe de l'égalité souveraine des Etats», prétendait-il. Cette déclaration fait suite aux menaces du régime annonçant qu'il réexaminerait «clause par clause» les dispositions de l'accord d'association signé il y a près de deux décennies avec l'Union européenne (UE) sur la base d'une vision souveraine et d'une approche de «gagnant-gagnant» afin de faire prévaloir le produit national «pour créer du tissu industriel et des emplois». Initié en 2002 et entré en vigueur en 2005, l'accord d'association Algérie-l'UE – qui prévoyait d'ouvrir leurs marchés respectifs au sein d'une zone de libre-échange – a été régulièrement critiqué par les experts et économistes locaux, qui le jugent «très désavantageux» pour l'Algérie. Abdelmadjid Tebboune a également déclaré aux représentants des missions diplomatiques et consulaires algériennes que «les défis auxquels nous sommes confrontés sont les plus sérieux puisque (nous le faisons) dans le contexte d'une crise multidimensionnelle et de tensions avec plusieurs Etats voisins», évoquant les dernières évolutions concernant le Sahara. «Dans le contexte international actuel, la diplomatie ne peut être efficace sans évoquer les menaces directes qui cherchent à affaiblir l'Algérie à travers une guerre de quatrième génération et dans le cadre d'un vaste plan qui dépasse l'Algérie, l'Afrique et le Moyen-Orient», a-t-il souligné. À cet égard, le président mal élu a insisté sur le fait que la crise libyenne «continue d'être soumise à des tensions dues à l'intervention de pays étrangers, comme au Sahel» en raison de multiples facteurs liés «aux conflits multiformes et à la prolifération de la menace terroriste et du crime organisé sous toutes ses formes», a-t-il ajouté. Il est temps de «renforcer les liens avec l'Union africaine pour la protéger des tentatives malveillantes qui visent à (briser) son unité et son rôle central. Cela continuera d'être l'une des priorités de notre travail diplomatique», a-t-il déclaré en référence au rôle du Maroc au sein de l'organisation. Tebboune a également exhorté la diplomatie algérienne à œuvrer au «renforcement» des relations avec la Russie, la Chine et les Etats-Unis, «surtout au niveau économique». Il a également appelé à consolider les liens avec les pays d'Amérique latine, des Caraïbes et des îles du Pacifique «en rétablissant la communication à tous les niveaux et en élargissant les accords de coopération.» La réunion s'est également déroulée en présence du Premier ministre et ministre des Finances, Aimene Benabderrahmane ; le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le chef de l'armée, Saïd Chengriha.