Un éventuel retour de l'ambassadeur d'Algérie en France, rappelé au début du mois à Alger après des propos critiques du président Emmanuel Macron, est «conditionné au respect total de l'Etat algérien» par Paris, a déclaré le président algérien Abdelmadjid Tebboune. «L'heure n'est pas encore à l'apaisement entre Alger et Paris. Pour sa première réaction publique aux propos d'Emmanuel Macron qui ont suscité la colère en Algérie il y a dix jours, le président Abdelmadjid Tebboune a choisi de hausser le ton lors d'un entretien télévisé» écrit Les Echos, quotidien français d'information économique et financière, dans son édition de mardi 12 octobre. «Dans les relations diplomatiques, il n'y a rien d'irréversible», a pointé le président algérien en référence à l'interdiction de survol du territoire algérien aux avions militaires français de l'opération antidjihadiste Barkhane au Sahel. «Nous sommes attaqués dans notre chair, notre histoire, dans nos martyrs, nous nous défendons comme nous pouvons», a-t-il fait valoir. Pour «le reste, il s'agit de leurs affaires internes», a-t-il analysé dans une allusion à de possibles visées «électoralistes» d'Emmanuel Macron. «Le mal le plus caractéristique, le plus grave du moment, n'est pas sans doute précisément la véhémence des actes ou des idées, c'est plutôt la confusion des positions, l'abus de l'esprit de provocation de la part du régime algérien se traduisant par le besoin de tout remettre en doute, cette incertitude où l'on finit par ne plus distinguer ce qui pourra arriver demain» a déclaré un observateur français sur CNews. Abdelmadjid Tebboune, a rappelé qu'Alger ne réclame «pas de la repentance» mais une «reconnaissance» des crimes pendant la colonisation française. Lundi, les cercles diplomatiques à Paris, selon des sources françaises, ont regretté le peu de prévoyance dans les propos de Tebboune, évoquant un régime algérien dont la première, la plus évidente raison d'être, à vrai dire, a été d'abord de se créer des adversaires illusoires. Mais aujourd'hui s'élèvent des questions plus graves, plus épineuses. Il s'agit de savoir ce que deviendront les relations bilatérales, quel caractère elles prendront, si elles s'adapteront à la surenchère bruyante, agitatrice, d'un pouvoir infatué de lui-même. La question est engagée; elle l'est plus que jamais à l'heure qu'il est dans ce tourbillon de vents contraires, de faux débats, de calculs équivoques et de passions intéressées qui représentent toute la politique du jour, qui peuvent décider de l'issue définitive de la crise actuelle. Le président algérien, dans une prise de position étonnante, est également revenu sur la réduction des visas octroyés par Paris, qui avait déjà provoqué un regain de tensions. Abdelmadjid Tebboune a qualifié de «gros mensonge» les chiffres du ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin sur les expulsions qui seraient freinées par Alger. «Il n'y a jamais eu 7 000 [Algériens à expulser]. La France a évoqué avec nous plus de 94», a-t-il assuré, dont 21 ont été acceptés et 16 rejetés. «De son côté, l'entourage du ministre de l'Intérieur maintenait lundi son chiffre de 7 730 expulsions, expliquant que les 94 cités par le président Tebboune sont les «profils ultra-prioritaires, fichés pour radicalisation», rappelle le quotidien. Enfin, interrogé sur l'économie du pays, le président Tebboune a rejeté la recommandation du FMI, il y a une semaine, de recourir à la dette extérieure. «Un suicide politique», a-t-il réagi. «Nous ne ferons jamais ce choix, c'est impensable», malgré la crise économique qui secoue le pays.