L'Algérie a été dépitée après l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sur le prolongement du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara (Minurso). Dans une attitude autodestructrice, le régime d'Alger cherche à faire chanter l'ONU. Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé vendredi à reprendre les négociations sur le Sahara « sans pré-conditions et de bonne foi« , en votant une résolution qui prolonge d'un an le mandat de la Minurso. La Russie et la Tunisie se sont abstenues. Mais l'Algérie, déboutée, cherche non seulement à faire échouer le processus qui sera lancé sous l'égide du nouvel émissaire de l'ONU, l'Italien Staffan de Mistura, mais aussi à provoquer des situations de tension. Les accusations algériennes sur l'incident au Sahara, écrit l'agence EFE, interviennent à la veille de la commémoration demain samedi du 46e anniversaire de la Marche verte, événement d'une grande symbolique pour les Marocains, qui a forcé le retrait des troupes espagnoles du territoire en 1975 lorsque le roi Hassan II a convoqué une marche civile de plus de 35 000 Marocains sur le territoire. Jusqu'à présent, le Maroc est serein. Le seul commentaire indirect publié à ce jour est celui du porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, qui – interrogé hier par des journalistes sur la dernière escalade algérienne – s'est contenté de dire que son pays dans sa politique étrangère restera attaché aux principes de bon voisinage avec tous, sans même évoquer l'Algérie. Dans le même ordre d'idées, la presse marocaine a minimisé l'importance de cet incident en publiant des analyses dans lesquelles elle considérait les dernières accusations comme «une nouvelle propagande algérienne pour inciter à de nouvelles hostilités», note EFE. «Le Maroc est calme et pondéré», a déclaré à EFE Moussaoui Ajlaoui, expert marocain au Centre d'études africaines. Selon lui, Rabat a désormais pour priorité de tirer profit de plusieurs événements comme la reconnaissance par l'ancien président américain Donald Trump de la souveraineté marocaine sur le Sahara, ou encore l'ouverture de 23 consulats de pays étrangers dans cette zone. Pour l'analyste, Rabat continuera à rechercher davantage de soutien international pour ses positions, en cherchant à convaincre l'Europe, en particulier l'Espagne et l'Allemagne, de la centralité du plan d'autonomie comme solution politique au conflit. Concernant la tension bilatérale actuelle, M. Ajlaoui explique que les relations entre le Maroc et l'Algérie ont commencé à se dégrader depuis décembre 2019 avec l'arrivée d'Abdelmajid Tebboune à la présidence, qui selon lui, entend «inciter à l'hostilité avec Rabat pour renforcer sa légitimité au niveau interne». Ajlaoui pense qu'avec l'incident des camionneurs, l'Algérie veut faire pression sur l'ONU, en particulier après la dernière résolution du Conseil de sécurité qui a entériné la prolongation du mandat de la Mission des Nations Unies pour le Sahara (Minurso), dans une décision qu'Alger a rejetée. «L'Algérie veut instrumentaliser certains paramètres. Avec sa dernière escalade, elle veut dire au Conseil de sécurité que sa dernière résolution n'a fait que dégrader la situation militaire et sécuritaire dans la région», a-t-il analysé. Toujours avec son attitude, ajoute M. Ajlaoui, Alger veut aussi faire pression sur la Mauritanie pour éviter toute future entente entre Rabat et Nouakchott. Cependant, M. Ajlaoui exclut que la tension actuelle dégénère en guerre, bien qu'il y ait l'hypothèse d'«éventuelles escarmouches frontalières» à l'est du mur de défense marocain dans les zones de Bir Lehlu et Tifariti. «Le Maroc et l'Algérie constituent un facteur stratégique pour les grandes puissances et l'Europe dans la région, et ils ne permettront pas qu'un conflit éclate dans la région», a-t-il déclaré.