Les Etats-Unis ont réclamé lundi le «rétablissement immédiat» du gouvernement civil renversé par les militaires au Soudan, et ont annoncé la suspension d'une aide financière importante de 700 millions de dollars à la transition soudanaise. «Les responsables militaires doivent libérer immédiatement tous les acteurs politiques et garantir leur sécurité», a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, qui a «condamné» la «prise du pouvoir par les militaires». «Le gouvernement de transition dirigé par des civils doit être rétabli immédiatement, ils représentent la volonté du peuple», a-t-il ajouté. «A la lumière de ces développements, les Etats-Unis suspendent» une aide de 700 millions de dollars consacrée à la transition démocratique, a-t-il dit. «Nous suspendons l'ensemble de ce montant», a-t-il insisté, tout en précisant que cela ne concernait pas l'aide humanitaire. Le général Abdel Fattah al-Burhane a dissous lundi les autorités de transition. Le Premier ministre Abdallah Hamdok et la quasi-totalité des dirigeants civils ont été arrêtés, dans un putsch qui s'est déroulé quelques heures seulement après le départ du Soudan de l'émissaire des Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique Jeffrey Feltman. Ce dernier était sur place justement pour tenter «d'améliorer les relations» entre «les dirigeants civils et les dirigeants militaires», a expliqué Ned Price, assurant que le diplomate n'avait eu aucune indication, avant de partir, de l'imminence de ces «actes antidémocratiques». Trois morts et 80 blessés Le porte-parole du département d'Etat a aussi affirmé que Washington n'avait «pas été en contact» avec le Premier ministre ou les autres acteurs politiques depuis leur arrestation. «L'armée est responsable pour leur sécurité, leur santé, et leurs conditions», et «nous réclamerons des comptes» à cet égard, a-t-il dit. Trois personnes ont été tuées et 80 blessées lundi par les militaires à Khartoum lors de manifestations contre le coup d'Etat militaire. Ned Price a demandé à l'armée de ne pas «avoir recours à la violence contre des manifestants» et particulièrement de ne pas utiliser de balles réelles. Il a laissé planer la menace de sanctions en promettant d'envisager «toutes les mesures appropriées» pour «faire rendre des comptes à ceux qui ont recours à la violence» et «à ceux qui se rendraient responsables de faire dérailler la marche du Soudan vers la démocratie».