Le PJD n'est plus que le huitième parti du pays. Il rejoint l'opposition. Il aura dix fois moins de députés. Son échec est retentissant. «Personne ne s'attendait à une telle débâcle.» écrit La Libre Belgique dans son édition du 10 septembre. Les islamistes du PJD ont perdu la majorité à la Chambre des représentants et sont relégués au huitième rang. Sur 395 députés, ils en avaient 125 et n'en auront plus que 12 selon les résultats provisoires. À l'inverse, le Rassemblement national des indépendants qui, depuis cinq ans, prétendait à la tête du gouvernement, a remporté la victoire. Quatrième force politique à l'issue des législatives de 2016, il a réussi à prendre la tête de la Chambre avec 97 députés, suivi du Parti authenticité et modernité (PAM) et de l'Istiqlal. «Le PJD a fait les frais d'un vote sanction auquel il ne s'attendait pas et de la réunion des élections législatives, communales et régionales le même jour», selon David Goeury, géographe, chercheur au laboratoire Médiations de la Sorbonne. «La conjonction des scrutins, visant à faire bénéficier les législatives de l'intérêt que les électeurs manifestent habituellement pour les municipales, a eu visiblement pour effet de mener les électeurs à faire le même choix aux deux scrutins. Or le PJD n'a réussi à réunir que 8 681 candidats aux municipales, contre 16 000 aux élections de 2015» a-t-il expliqué. Les islamistes, selon le journal belge, n'ont donc pas réussi à maintenir leurs relais locaux tandis que, dans le même temps, le RNI couvrait 80 % des communes. «Il est frappant de constater que le nombre de candidats que les partis ont réussi à réunir pour les municipales est parfaitement corrélé avec leurs résultats aux législatives. Ainsi, le RNI est le premier parti avec 25 492 candidats. Vient ensuite le PAM avec 21 187 candidats puis l'Istiqlal. Le PJD n'arrive qu'en huitième position derrière l'UC» , précise David Goeury à la même source. Le PJD n'a pu réunir que peu de candidats car il les a vraisemblablement déçus, rapporte le quotidien belge. «Les élus PJD ont oublié que leurs électorats et leurs soutiens locaux attendaient d'eux le financement et le développement de projets locaux», explique le chercheur. «Ils devaient faire monter les projets de leurs circonscriptions en haut de la pile de la direction provinciale de l'agriculture ou des autres directions décentralisées car la demande est telle qu'il existe un système de file d'attente. Les élus doivent défendre leurs dossiers pour qu'il soit placé en haut de la pile.» «Jusqu'ici, le PJD avait ainsi fondé sa stratégie électorale sur sa capacité à convaincre une petite frange de la population urbaine qu'on croyait fidèle et mobilisée, mais qui l'a finalement lâchée», détaille-t-on. Le RNI a mené campagne très tôt. «Dès novembre 2019, il lance le programme "100 jours 100 villes" et part à la rencontre de la population des petites et moyennes villes. Cette longue campagne alimente régulièrement de vidéos sa page Facebook, à laquelle il consacre 300 000 dirhams» précise-t-on. «Sur les réseaux sociaux, le parti mise sur un programme en phase avec ces problématiques : la création d'un minimum vieillesse, la protection des travailleurs, une assurance maladie pour tous, un plan handicap et une aide mensuelle aux familles pour chaque enfant. Une stratégie gagnante face à l'apathie du PJD.»