Les experts l'ont décrit fragilisé par lanouvelle loi électorale adoptée contre son gré qui vise à l'écarter du pouvoir même s'il gagne les législatives de l'automne. Mais à la vérité, la réforme électorale a sauvé de PJD de la disparition politique. La nouvelle législation votée au Parlement mi-mars par tous les partis présents dans l'hémicycle, à l'exception du PJD., a permis à ce dernier d'éviter une disparition assurée. Le parti islamiste, qui a subi une spectaculaire déroute, lors des élections législatives, est passé de 125 sièges dans l'assemblée sortante à 13, grâce à la réforme électorale. Le PJD est arrivé dernier dans certaines circonscriptions, surclassé par ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), et le Parti de l'Istiqlal. Fin mars, un nouveau calcul déterminant le quota d'élus et qui vise tous les partis a été approuvé. La théorie largement véhiculée est que le PJD, en tant que première formation politique du pays, n'obtiendrait, selon les estimations, que 80 à 85 sièges (sur 395), contre 125 à l'époque. La surprise, c'est que cette loi a permis au PJD d'obtenir plusieurs sièges malgré ses calamiteux résultats (0 siège dans plusieurs villes). Incapable de bloquer la réforme, le chef du gouvernement sortant avait dénoncé un «recul démocratique qui affaiblit les institutions de manière inédite dans l'histoire du Maroc». Le scrutin du 8 septembre a prouvé combien il a avait tort. Elle «vise les chances électorales du PJD», a-t-il accusé lors d'une session extraordinaire du conseil national de son parti qui, dans l'espoir de changer la donne, a annoncé avoir saisi la Cour constitutionnelle, qui l'a désavoué. L'ampleur de la défaite des islamistes est inattendue dans la mesure où médias et analystes pensaient que le PJD jouerait encore les premières places. Longtemps cantonné dans l'opposition, le PJD espérait briguer un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement. Il reviendra au roi Mohammed VI de nommer un chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête du scrutin législatif, qui sera chargé de former un exécutif pour un mandat de cinq ans. Il succèdera au secrétaire général du PJD, Saad-Dine El Otmani, plus que jamais sur la sellette. C'est la première fois depuis la tenue des premières élections au Maroc en 1960 que la répartition des sièges à la Chambre des représentants était calculée sur la base du nombre d'électeurs inscrits et non des votants., Ce nouveau mode de calcul devait favoriser les petits partis au détriment des grandes formations. Mais seul le PJD s'y était opposé, s'estimant déjà lésé, avant que les résultats ne prouvent la fausseté de ses constatations.