Dans un message manuscrit, l'ancien chef de gouvernement a appelé son successeur, issu du même parti, à démissionner après la débâcle électorale. «En tant que membre du conseil national du PJD et ex-secrétaire général du parti, et après la lourde défaite subie lors des élections régionales, je trouve qu'il est plus que nécessaire dans cette douloureuse circonstance que le chef actuel du parti assume ses responsabilités et démissionne. En attendant, le vice-président [du PJD] prendra le relais en attendant la tenue du congrès national dans les plus brefs délais» a déclaré Abdel-Ilah Benkiran dans une réaction tranchée, jeudi 9 septembre, a appris Barlamane.com qui a eu accès à une note manuscrite de Benkiran. Le parti islamiste PJD, à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie, a subi une historique débâcle, au profit de partis adversaires membres de l'ex-coalition, lors des élections législatives mercredi. Le Parti de la justice et du développement s'effondre, passant de 125 sièges dans l'assemblée sortante à 12, a indiqué le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit, durant un point presse. Il arrive loin derrière ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le Parti de l'Istiqlal (centre-droit), avec respectivement 97, 82 et 78 (sur 395 députés). Plus ancien parti du Maroc, le parti de l'Istiqlal de centre-droit, fait un retour remarqué avec un gain de 32 sièges. L'ampleur de la défaite des islamistes est inattendue dans la mesure où les analystes pensaient que le PJD jouerait encore les premières places. Longtemps cantonné dans l'opposition, le PJD espérait briguer un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement. Il reviendra au roi Mohammed VI de nommer un chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête du scrutin législatif, qui sera chargé de former un exécutif pour un mandat de cinq ans. Il succèdera au secrétaire général du PJD, Saad-Ddine El Otmani. Les résultats définitifs devraient être connus jeudi. Le taux de participation a atteint 50,35 % au niveau national, selon le dernier chiffre donné par le ministre de l'Intérieur. Il avait plafonné à 43 % lors des précédentes législatives en 2016 et à 53 % lors des dernières élections locales en 2015. Mais c'est la première fois que les quelque 18 millions d'électeurs choisissaient leurs 395 députés le même jour que leurs représentants communaux et régionaux. La participation a été élevée dans les régions du Sud. Les opérations de vote se sont déroulées dans des circonstances normales, a assuré M. Laftit, hormis des cas isolés. C'est la première fois depuis la tenue des premières élections au Maroc en 1960 que la répartition des sièges à la Chambre des représentants était calculée sur la base du nombre d'électeurs inscrits et non des votants. Ce nouveau mode de calcul devait favoriser les petits partis au détriment des grandes formations. Mais seul le PJD s'y était opposé, mais, ironie du sort, c'est grâce à cette réforme qu'il a pu obtenir quelques sièges.