Le PJD compte chambouler le ministère de l'Intérieur. Sa direction prévoit de scinder ce département en deux : un premier consacré à l'Administration territoriale et un autre aux collectivités locales. Dans la soirée du lundi, la majorité a décidé que la présidence du Parlement restera sous son giron. L'istiqlalien Karim Ghellab est fortement pressenti pour occuper ce poste, bien que du côté du PJD l'heure soit à la réserve. Des sources au sein de la Lampe se gardent de se prononcer sur le nom du successeur de Abdelouahed Radi, estimant au passage que la course au perchoir demeurait ouverte entre l'Istiqlal, le Mouvement populaire et, bien entendu, le PJD. Mais il n'en demeure pas moins que lors de son point de presse du lundi, Benkirane a appelé les 395 députés à tenir une session, mardi, pour l'élection de toutes les structures de la Première Chambre, y compris la présidence. Preuve que les contours de la majorité sont en train de se préciser. Un PJDiste à la tête des collectivités locales… En plus de la présidence de la Chambre des représentants, les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères étaient également au menu de la réunion du lundi. Des sources au PJD avancent qu' Abdelilah Benkirane, le chef du gouvernement, aurait proposé à ses partenaires de diviser le département de l'Intérieur en deux : l'un consacré à l'Administration territoriale et l'autre aux collectivités locales. Les islamistes comptent bien tirer les leçons de leur série de confrontations avec ce département tentaculaire, en le scindant en deux. Les mêmes sources du PJD n'écartent pas la possibilité qu'un des leurs soit à la tête du ministère ou du secrétariat d'Etat chargé des collectivités locales sous la tutelle, pourquoi pas, d'un Mohand Laenser. Par cette manœuvre, les frères de Benkirane entendent effectuer une incursion dans l'enceinte de la « mère des ministères», comme se plaisait à le dire Mohamed ElYazghi du temps de l'opposition d'avant 1998. Les islamistes comptent bien tirer les leçons de leur série de confrontations avec le département de l'Intérieur, en le scindant en deux. Les Affaires étrangères est l'autre département qui pourrait revenir au secrétaire général du PPS. Des sources au Livre estiment que ce serait une consécration pour Nabil Benabdellah qui a effectué un court passage dans la diplomatie à la tête de l'ambassade du Maroc en Italie, avant d'être rappelé sèchement à Rabat par Taieb Fassi Fihri. Si la direction du PJD est prête à céder à ces trois partenaires la présidence de la Chambre des représentants, les Affaires étrangères et, dans une certaine mesure, l'Intérieur, elle se montre en revanche très déterminée à ce qu'un de ses candidats occupe le ministère des Finances. Tout, sauf les Finances ! Les islamistes n'apportent là-dessus aucune innovation. Ils se sacrifient à une tradition qui remonte au gouvernement de Abderrahmane El Youssoufi de 1998, voulant que l'argentier du royaume soit issu du parti arrivé en tête des législatives. Le cabinet Jettou (2002-2007) n'a pas dérogé à cette règle, confiant ce département à Fathallah Oualalou. Seul le gouvernement de Abbas El Fassi fait exception, avec Salaheddine Mezouar aux commandes de ce département. Une erreur que regrettent nombre d'istiqlaliens. Les jours à venir, les réunions entre les composantes de la majorité vont se poursuivre. Hier, le secrétariat général du PJD a tenu une longue réunion au cours de laquelle les grands axes du programme gouvernemental étaient abordés. Et c'est pareil pour les directions du PPS, du MP et PI. Exit l'Union constitutionnelle Dans la soirée du lundi, Abdelilah Benkirane a reçu au siège de son parti à Rabat Mohamed Labied, le secrétaire général de l'Union constitutionnelle. Une réunion de courtoisie et rien de plus. Après l'adhésion du PPS et du MP au tour de table de sa majorité, le chef du gouvernement n'a point besoin du soutien de l'UC. Son compteur affiche 217 députés plus 9 autres issus de petites formations. Dans ce cas, quel intérêt pour lui d'intégrer les amis de Labied dans sa majorité avec les conséquences qui en découlent ? La répartition des portefeuilles ministériels serait troublée. La mise à l'écart de l'UC répond également à des réticences de l'Istiqlal et du PPS à une participation de ce parti au gouvernement Benkirane.