Le Conseil de l'Europe a appelé vendredi 3 septembre le Parlement grec à rendre conforme aux droits de l'homme un projet de loi accélérant les expulsions des demandeurs d'asile et mettant en péril le travail des ONG de sauvetage en mer. «Le projet de loi sur les expulsions et retours suscite de sérieuses inquiétudes», a alerté vendredi la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, dans une lettre destinée au Parlement grec. La crainte d'un nouvel afflux de migrants Le ministère grec des migrations soumet vendredi au Parlement son projet de loi visant à accélérer les expulsions de migrants. La police pourra notamment plus rapidement ordonner le renvoi hors de Grèce de migrants entrés illégalement et sans papiers, s'ils ne demandent pas l'asile ou si leur demande a été rejetée. Depuis 2015, la Grèce est une des portes d'entrée des migrants en Europe, même si ces deux dernières années le flux s'est tari. Le gouvernement grec a justifié le durcissement de sa législation pour protéger ses frontières alors qu'il craint un nouveau flux venant d'Afghanistan. «La Grèce n'acceptera pas, comme au cours de la période 2015-19, d'être la porte d'entrée vers l'Europe pour les flux d'immigration illégale», a déclaré le ministre des Migrations Notis Mitarachi en début de semaine lorsqu'il a présenté ce projet de loi. Dunja Mijatovic appelle également au retrait de l'article 40 du projet de loi qui introduit «des restrictions pour les activités de la société civile et les mettrait sous la compétence des garde-côtes grecs». Ce projet de loi «entraverait sérieusement le travail de sauvetage effectué en mer par les ONG et leurs capacités de surveillance des droits de l'homme dans la mer Egée», précise la commissaire. La loi prévoit des amendes et des sanctions sévères pour les ONG qui ne s'adresseront pas aux autorités et aux garde-côtes pour effectuer leurs activités. Ces ONG jouent pourtant un rôle déterminant dans la protection des droits des migrants dans la documentation des refoulements ou d'autres violations potentielles, rappelle Dunja Mijatovic. La commissaire a exhorté les députés à s'assurer que la loi respecte les obligations de la Grèce en vertu de la Convention européenne des droits de l'homme et de la Convention de Genève.