Le commentateur algérien Hafid Derradji et ses collègues marocains du réseau qatari beIN Sports ont échangé en fin de semaine des accusations violentes et inédites relatives à de récents événements politiques. «C'est l'impudeur d'un individu arriviste unie à la frivolité des motifs, ce sont ces déclamations d'un individu proche d'un pouvoir contempteur des lois qui invoque, pour se justifier, des périls imaginaires, et ne paraît pas soupçonner ceux dont il entoure le pays qu'il gouverne» : ses mots, du journaliste marocain Amine Sebti, tournent en boucle sur les réseaux sociaux. La rhétorique belliqueuse des collègues a rapidement pris une tournure personnelle très enflammée. Alors que le commentateur algérien Hafid Derradji s'est fendu d'un tweet courroucé sur les déclarations du chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid qui a confié avoir abordé avec son homologue marocain ses «inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, son rapprochement avec l'Iran et la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine», une guerre de mots a éclaté entre lui et ses collègues marocains de BeIn Sports le réseau qatari de chaînes de télévision sportives appartenant à BeIn Media Group, présidé par Nasser Al-Khelaïfi. «Nos choix sont souverains y compris la demande de l'ouverture des frontières, vous êtes issu d'un pays où le régime n'a pas de libres allures, et vous répétez les formules dogmatiques de ses organes. Qu'avez-vous fait pour la cause palestinienne à l'exception de quelques slogans creux du boumédiènisme ?» a rétorqué Mohammed Ammor, président de la chaîne. «Les dévots vendus du principe d'autorité choisissent mal le moment et l'exemple pour proclamer leur haine contre le Maroc et son roi» a écrit l'ex-international marocain Youssef Chippo, actuellement conseiller de la chaîne. La reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël a encore avivé les tensions avec l'Algérie qui a dénoncé des «manœuvres étrangères» visant à la déstabiliser, un discours jugé complotiste. De son côté, le Maroc considère l'Algérie comme «une partie prenante réelle du conflit» au dossier du Sahara. «La conclusion vraiment pratique qu'il y aurait à tirer de l'examen des prises de position de cet individu [Hafid Derradji serait donc pour l'Algérie de se replier sur elle-même et de chercher avec ardeur dans sa vie politique intérieure cette obsession envers le Maroc qui est la condition la plus sûre de sa dégénérescence» a déclaré le représentateur marocain Youssef Ait El Haj. «Les affaires publiques algériennes sont fort mal administrées. Un pays dont la prospérité paraissait illimitée, et la richesse de plus en plus croissante, se trouve avec un déficit dans son budget, avec des crises renouvelées. Grande leçon pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus de la dérive du régime algérien quoi corrompt tout ce qu'il touche et communique à tous les secteurs du pays sa propre impuissance» a déclaré un autre représentateur marocain de la chaîne. Les relations entre Alger et Rabat a connu de nouvelles tensions après que le régime de Tebboune a décidé, le 18 juillet, de rappeler son ambassadeur au Maroc pour «consultations avec effet immédiat» après que «la représentation diplomatique marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays membres du mouvement des non-alignés dans laquelle le Maroc "soutient publiquement et explicitement un prétendu droit à l'autodétermination du peuple kabyle"». Durant une réunion du Mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New York, l'ambassadeur du Maroc aux Nations unies, Omar Hilale, a fait passer une note dans laquelle il estime que «le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l'autodétermination ». Un tabou pour Alger qui s'oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone historiquement frondeuse du nord-est de l'Algérie. Ce n'est pas la première fois qu'un diplomate marocain exprime son soutien au séparatisme kabyle, en réaction à l'appui apporté par Alger aux milices du Polisario. Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste) a été classé le 18 mai par les autorités algériennes comme «organisation terroriste». Grèves, chômage chronique et paupérisation endémique, flambée des prix et pénuries de denrées de base: en Algérie, un front social en ébullition accentue désormais une profonde crise économique née de lu déclin de la rente pétrolière et aggravée par la pandémie de coronavirus.