La Guinée et l'OMS devraient annoncer samedi la fin de l'épidémie d'Ebola qui, si aucun cas n'est rapporté à la dernière minute, aura été vaincue en quelques mois grâce à l'expérience acquise en 2013-2016, la pire épidémie de cette fièvre hémorragique. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les autorités sanitaires guinéennes ont mis en exergue jeudi la rapidité avec laquelle, sauf mauvaise nouvelle d'ici à samedi et malgré la concomitance avec la pandémie de COVID-19, les services de santé sont venus à bout de la contagion depuis la mort d'une infirmière fin janvier dans la région de Nzérékoré (Sud-Est), par rapport à 2013-2016. L'épidémie était partie à l'époque de cette même Guinée forestière. Elle s'était propagée au Liberia et à la Sierra Leone voisins. Entre fin 2013 et 2016, la pire épidémie au monde depuis l'identification du virus en 1976 avait tué plus de 11 300 personnes, principalement en Guinée (2500 morts), au Liberia et en Sierra Leone, trois des pays les plus pauvres au monde. Un bilan sous-évalué de l'aveu même de l'OMS. En 2021, Ebola a causé cinq décès depuis qu'une infirmière et un certain nombre de témoins de son enterrement le 1er février à Gouéké ont succombé, a-t-on appris auprès du bureau de l'OMS en Guinée ; 23 cas de contamination ont été notifiés, dont 16 confirmés et 7 probables. Après avoir, suivant les règles internationales, officiellement déclaré l'état d'épidémie le 14 février, la Guinée devrait atteindre vendredi les 42 jours sans nouveau cas, soit deux fois la durée maximale d'incubation, seuil fixé pour la déclaration de fin d'épidémie. «Nous nous apprêtons dans les jours à venir à vous signifier l'arrêt de la circulation du virus Ebola, et précisément à la date du 19 juin 2021», samedi, a dit le ministre guinéen de la Santé, le médecin général Rémy Lamah, lors d'une visioconférence de l'OMS. Une cérémonie est prévue ce jour-là dans la région de Nzérékoré avec les acteurs guinéens et internationaux de la lutte, mais aussi des représentants des communautés locales et des patients guéris. Vigilance continue «Grâce à de nouvelles innovations et aux enseignements tirés, la Guinée a réussi à contenir le virus en quatre mois seulement, empêchant ainsi la maladie de se propager au-delà des frontières du pays», a dit la directrice de l'OMS pour l'Afrique, Dr Matshidiso Moeti. Les deux médecins ont invoqué l'existence, depuis la précédente épidémie, de centres de traitement, la formation des personnels, l'élaboration de vaccins et de nouveaux traitements, ainsi que les leçons tirées de la période 2013-2016. Il avait alors fallu des mois pour mettre en place une coordination efficace, a rappelé le ministre guinéen. «La disponibilité des centres de traitement des épidémies construits à travers le pays nous a permis de prendre rapidement en charge les patients suspects et confirmés avec un plateau technique», a-t-il dit. Contrairement au passé, les personnels soignants n'ont pas été contaminés, a-t-il indiqué. Les patients suspects de porter le virus Ebola ont été rapidement testés et suivis, leurs contacts recensés, a renchéri la responsable de l'OMS. La vaccination des personnes à haut risque a commencé neuf jours après la déclaration d'épidémie, et près de 11 000 personnes sont désormais vaccinées, a-t-elle dit. Les pays voisins ont contribué à la lutte en pratiquant le dépistage aux frontières, a-t-elle ajouté. «Nous sommes devenus plus rapides, plus efficaces et plus intelligents dans la lutte contre l'Ebola», a-t-elle dit. Elle a cependant prévenu que «le travail (n'était) pas terminé» et que la vigilance restait de rigueur. Elle a fait état d'informations selon lesquelles l'épidémie de 2021 était liée épidémiologiquement à la précédente, laissant entendre la possibilité d'une résurgence future. Après la déclaration de fin d'épidémie, la Guinée devrait entrer dans une période de surveillance épidémiologique renforcée pendant 90 jours, a indiqué l'OMS à Conakry.