Le mouvement des moudjahidines, créé en 1978 par Abdelaziz Nâamani, est l'une des organisations terroristes les plus dangereuses qui a failli provoquer un véritable bain de sang au Maroc. Une vidéo massivement partagée sur les réseaux sociaux revient sur l'histoire du mouvement des moudjahidines et sur les preuves qui attestent que Ali Aarass était celui qui fournissait les armes à feu à cette organisation. Le mouvement des moudjahidines au Maroc était actif à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc, mais depuis le décès de son fondateur en 1984, il a vécu dans une clandestinité totale et ce, jusqu'en 1994, à la suite de l'arrestation de Abdelilah Ziyad, l'un des auteurs de l'attentat terroriste de l'hôtel Atlas-Asni à Marrakech. «Il s'est avéré ensuite que cette affaire était liée à une autre organisation et non au mouvement des moudjahidines au Maroc. Cependant, le nom du mouvement reviendra sur le devant de la scène au moment des arrestations qui ont suivi les attentats ayant secoué le Maroc le 16 mai 2003. Chose qui a dévoilé que cette organisation était bel et bien active», explique la même source qui relève que cet attentat a provoqué une forte secousse au sein de l'institution sécuritaire. «Des informations étranges et choquantes ont été révélées à la suite des enquêtes de sécurité basées sur des informations précises fournies par la DGST. Des recherches précises ont permis de mettre la main sur les personnes impliquées dans les attentats, au moment où les arrestations ont dévoilé un groupe de personnes directement lié aux événements terroristes et d'autres qui se préparaient à commettre d'autres attaques. Cependant, ce à quoi les forces de l'ordre ne s'attendaient pas lors des perquisitions, c'est que parmi les personnes arrêtées figure un ressortissant français nommé Robert Richard Pierre Antoine, l'un des superviseurs de la formation d'un groupe de kamikazes qui se préparait à commettre des attentats semblables à ceux du 16 mai 2003», précise-t-on. Parmi les personnes arrêtées dans le groupe de Robert Antoine se trouvait Mohamed Nougaoui, émir du mouvement des moudjahidines au Maroc, qui était recherché après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité par contumace en 1984. Après son arrestation, un ensemble d'armes a été saisi, composé de deux pistolets et d'une mitrailleuse kalachnikov, en plus de munitions, relève la même source. «Au cours des enquêtes, Mohamed Nougaoui a révélé que le nommé Ali Aarrass était celui qui avait introduit ces armes au Maroc puisqu'il était responsable de l'armement du mouvement des moudjahidines au Maroc et de ses finances en Belgique. Grâce à ces armes, Nougaoui a révélé que le mouvement des moudjahidines cherchait à assassiner un certain nombre de personnalités importantes au Maroc. C'était la première fois que le nom de Ali Aarrass apparaissait et ce n'était pas la dernière fois», poursuit-on. Selon la même source, les attentats du 16 mai ont incité les établissements sécuritaires marocains à reconsidérer leur mode de fonctionnement, en optant pour une approche de veille proactive, ce qui a d'ailleurs permis de démanteler la cellule Belliraj ainsi que d'autres cellules terroristes et d'éviter, par conséquent, des bains de sang au Maroc. Les recherches menées à cette époque ont permis de saisir un important arsenal d'armes et de munitions : neuf fusils de type Kalachnikov, deux mitrailleuses de type Uzi, sept pistolets mitrailleurs de type Scorpion, seize pistolets automatiques de différents types et calibres ainsi qu'une quantité de munitions de divers calibres. Ces armes à feu ont été introduites au Maroc par Ali Aarass, indique la même source. «A la suite des données mentionnées précédemment et qui ne laissent aucun doute sur l'implication de Ali Aarass dans l'introduction des armes au Maroc, les autorités marocaines ont émis un mandat d'arrêt international contre lui avant qu'il ne soit arrêté par les autorités espagnoles en 2008 et extradé vers le Maroc en 2010, où il a écopé de 12 ans de prison ferme», fait-on savoir. Dans le cadre de la même affaire, les autorités marocaines ont mené une enquête au mois de mars 2010 avec un ressortissant algérien dénommé Mohamed Benrabeh Benattou qui avait été extradé de la Belgique vers le Maroc sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par les autorités marocaines, qui avaient reçu des informations sur son implication dans l'affaire Ali Aarrass. A la suite à un accord avec Ali Aarrass, l'Algérien Benyettou a confirmé avoir acheté en 2005 un arsenal de guerre d'un trafiquant d'armes croate basé à Bruxelles. Il s'agit notamment de cinquante pistolets et une dizaine de kalachnikovs, en plus d'une grande quantité de munitions, de grenades à main et d'engins explosifs à déclenchement à distance. Les enquêtes ont révélé que Abdelkader Belliraj a joué le rôle de médiateur entre l'Algérien Benattou et le marchand d'armes croates. Toutefois, l'enquête n'était pas encore arrivée à son terme. «Les services de sécurité n'étaient pas encore parvenus à mettre fin à l'activité du mouvement des moudjahidines au Maroc en arrêtant Ali Aarrass, l'armurier du mouvement. La raison ? Les services de sécurité n'avaient pas encore mis la main sur une bonne partie des armes introduites par Ali Aarrass», est-il indiqué. Par ailleurs, la même source a relevé que les autorités marocaines ont annoncé le 5 mai 2012, sur la base d'informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire, le démantèlement de l'organisation terroriste dite Mouvement des moudjahidines au Maroc. Dans le cadre de cette opération, les services de sécurité ont appréhendé l'émir de ce mouvement ainsi que certains de ses membres qui faisaient l'objet de mandats de recherche. L'enquête de la police a ainsi porté ses fruits. Plusieurs armes ont été saisies. Ces armes en provenance de la Belgique étaient cachées dans des fermes aux environs de Tifelt et Sbaâ Aâyoune et avaient été introduites sur le territoire national par Ali Aarrass. Les enquêtes à cette époque ont également permis de percer le mystère de la disparition d'un ancien émir de l'organisation. Il s'agit du dénommé Ali Bousghiri, qui demeurait activement recherché pendant neuf ans, étant sous mandat de recherche. Il évitait de se faire soigner dans un établissement hospitalier. Il est mort en 2009, des suites d'un cancer. Son cadavre aurait été enterré clandestinement dans une ferme.