L'arrivée en Syrie d'une cargaison de pétrole a été retardée par l'obstruction du canal de Suez par le navire Ever Given, ont annoncé samedi les autorités de Damas, avertissant qu'elles «rationnaient» actuellement la distribution des réserves de carburant pour éviter toute pénurie. La Syrie, en guerre depuis 2011 et confrontée à une grave crise économique, avait annoncé à la mi-mars une hausse de plus de 50% du prix de l'essence, sur fond de fortes pénuries de carburants qui obligeaient déjà les autorités à contrôler les quantités distribuées. La suspension de la navigation sur le canal de Suez «a eu un impact sur les importations en pétrole de la Syrie et retardé l'arrivée d'un navire transportant du pétrole et des produits pétroliers», a annoncé samedi le ministère syrien des Ressources pétrolières et minérales dans un communiqué. Depuis mardi, un énorme porte-conteneurs est coincé en travers du canal, bloquant le trafic sur cette voie qui voit passer environ 10% du commerce maritime international, selon des experts. En attendant le retour à la normale, «le ministère rationne actuellement la distribution des quantités disponibles en produits pétroliers (mazout, essence), pour en garantir la disponibilité le plus longtemps possible», est-il précisé dans le texte. L'objectif est aussi de «garantir la continuité des services essentiels», ajoute le ministère, citant notamment le fonctionnement des boulangeries et des hôpitaux. Interrogé par la télévision étatique, le ministre Bassam Tahmé a expliqué que la cargaison était attendue vendredi au port de Banias. Rappelant que la Syrie importe son carburant d'Iran, allié du régime, il a précisé que si le blocage du canal de Suez persistait, les cargaisons devraient passer par le cap de Bonne-Espérance. Avant la guerre, le pays bénéficiait d'une relative autonomie énergétique. Mais depuis le début du conflit, le secteur pétrolier et gazier en Syrie a subi d'importantes pertes, estimées à 91,5 milliards de dollars. Le niveau de production d'avant-guerre s'élevait à 400 barils jour. Il a chuté à 89 barils par jour en 2020, dont 80 dans les régions kurdes. C'est dans ces régions échappant au gouvernement que se trouvent plus de 90% des réserves pétrolières de Syrie. La Syrie impute la crise économique aux sanctions occidentales mais aussi aux retombées de l'effondrement économique au Liban voisin, longtemps son poumon financier.