Les Etats-Unis ont demandé aux autorités de Gibraltar, au nom de l'entraide judiciaire, de saisir le pétrolier iranien qu'elles retiennent depuis un mois alors qu'elles s'apprêtaient à le laisser partir, a annoncé jeudi 15 aout 2019, le ministère public à Gibraltar. L'avocat Joseph Triay, représentant le ministère public, n'a pas explicité devant la Cour suprême du territoire britannique sur quoi se fondait la demande du ministère américain de la Justice reçue quelques heures plus tôt. La Cour, qui devait décider de prolonger ou pas l'immobilisation du pétrolier Grace 1, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie en violation avec un embargo européen. La Cour a reporté la séance à 16H00 (14H00 GMT). « Le ministère américain de la Justice a demandé la saisie du Grace 1 en alléguant un certain nombre de motifs qui sont en train d'être examinés », a ajouté un porte-parole du gouvernement. Une demande d'entraide judiciaire consiste généralement à demander à un tribunal tel que celui de Gibraltar d'appliquer une décision d'un tribunal étranger, dans ce cas, d'un tribunal américain. Sans cette demande, reçue à 01H30 (23H30 GMT mercredi), « le navire serait reparti », a déclaré le président de la Cour, le juge Anthony Dudley. Entre temps, le capitaine et les trois officiers du Grace 1, qui étaient en liberté sous caution, ont été formellement libérés, a annoncé un porte-parole du gouvernement de Gibraltar. Le Grace 1, chargé de 2,1 millions de barils de pétrole, avait été arraisonné le 4 juillet par la police de Gibraltar et les forces spéciales britanniques, provoquant une crise diplomatique entre Téhéran et Londres. Téhéran contestait ces allégations et accusait le Royaume-Uni de « piraterie » affirmant qu'il s'était emparé du navire dans les eaux internationales. Deux semaines plus tard, le 19 juillet, l'Iran immobilisait dans le détroit d'Ormuz un pétrolier britannique, le Stena Impero, soupçonné de « non-respect du code maritime international ». La diplomatie semblait depuis sur le point de déminer la crise. Un haut responsable de l'autorité portuaire iranienne, Jalil Eslami, avait annoncé mardi que des documents avaient été échangés entre Londres et Téhéran. Ils visaient sans doute à garantir que la cargaison du pétrolier ne serait pas livrée à la Syrie, selon Sanam Vakil, chercheuse à l'institut Chatham House de Londres. De fait, cette audition devant la Cour suprême « aurait dû se passer différemment », a déclaré Joseph Triay. « Ce devait être une demande de levée de l'ordre de suspension », a-t-il expliqué.