Afin de tirer parti du réseau américain de l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, visé par un mandat d'arrêt international à la suite de son inculpation dans plusieurs affaires de corruption, Alger pourrait le décharger de ses accusations à seule fin de créer des lobbies attentatoires aux intérêts du Maroc au sein de la nouvelle administration de Joe Biden. Chakib Khelil, ancien PDG de la Sonatrach et ex-ministre de l'Energie durant plus de dix ans, est en fuite aux Etats-Unis depuis avril 2019. Il fait objet d'un mandat d'arrêt international émis à son encontre par la justice algérienne dans le cadre de l'affaire de pots de vins dite « Sonatrach II ». Ne disposant pas de la nationalité américaine, qui pourrait le mettre à l'abri contre toute tentative d'extradition vers l'Algérie, Chakib Khelil, se déploie, selon des milieux algériens, auprès des cercles politiques démocrates, des lobbys pétroliers et de certaines sphères académiques américaines, afin d'éviter son éventuelle extradition vers son pays d'origine. Et ce, en perspective d'être blanchi par le pouvoir algérien et bénéficier d'un traitement de faveur semblable à celui ayant été accordé à l'ancien ministre de la Défense, le général Khalid Nezzar, rentré en Algérie, le 11 décembre dernier, malgré sa condamnation par contumace à 20 ans de réclusion criminelle. Selon le journaliste algérien Bekki Ben Amer, secrétaire général de l'Alliance des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme africains (ANA), il est fort probable que le régime algérien accepte un « deal » avec Chakib Khelil. La contrepartie serait pour Alger de bénéficier du large réseau relationnel de cet ex-ministre au sein des sphères décisionnelles américaines, pour créer des lobbies hostiles aux intérêts du Maroc au sein de la nouvelle administration de Joe Biden. Rappelons que Chakib Khelil, ami d'enfance de Bouteflika et qui est par ailleurs cité dans plusieurs scandales politico-financiers, avait été installé à la tête du secteur de l'Énergie en décembre 1999. Outre ses démêlés judiciaires en Algérie, il fait également l'objet de plusieurs procès en Italie. En effet, la justice italienne avait confirmé son implication dans l'affaire des pots-de-vin versés par la société pétrolière SAIPEM. Des dessous-de-table à hauteur de 3% de la valeur des contrats de SAIPEM qui ont été attribués selon un accord conclu entre Chakib Khelil et Pietro Tali, ex-FG de la compagnie italienne, entre 2007 et 2010.