Mandat d'arrêt contre Chakib Khelil La quasi-totalité des quotidiens algériens ont dédié, mardi, leurs gros titres au mandat d'arrêt international visant l'ancien ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, pour sa présumée implication dans «les scandales de corruption» de la Sonatrach, évoquant «la chute» d'un des «piliers du régime». Les journaux, qui rapportent les mandats émis aussi contre son épouse, ses deux fils et son bras droit Farid Bedjaoui, ont rivalisé de créativité pour immortaliser l'événement: «Chakib Khelil rattrapé par la justice», «Chakib Khelil: la chute!», «Le début de la fin» ou encore un anglicisme «Wanted!» «L'annonce intervient alors que des interrogations ont commencé à se multiplier sur l'apparente inertie ou du moins l'absence de communication de la justice algérienne sur le scandale des pots-de-vin versés par (la compagnie italienne) Saipem à des responsables algériens, dont Chakib Khelil, via «l'intermédiaire» Farid Bedjaoui, neveu d'un ancien ministre algérien, détenteur d'un passeport français», fait remarquer «Le Quotidien d'Oran». Selon le journal «l'ancien ministre algérien qui se trouve probablement aux Etats-Unis n'est pas susceptible d'être extradé par les autorités de ce pays, la loi ne permettant pas d'extrader des nationaux». «Le cas Moumen Khelifa (scandale financier de Khalifa Bank, ndlr) qui n'est pas britannique montre que les procédures judiciaires peuvent durer très longtemps sans aboutir», déplore la même publication, estimant qu'«il aurait mieux valu éviter que Khelil quitte le bled». Sous le titre «L'un des piliers du régime s'écroule», «Le Soir d'Algérie» rappelle que M. Khelil «a régné sans partage et durant une décennie sur le secteur des hydrocarbures et le fleuron de l'économie nationale et l'une des plus grandes firmes mondiales du pétrole, la Sonatrach», ajoutant qu'il «impose sa mainmise sur la Sonatrach comme jamais aucun ministre avant lui, au point d'en cumuler le poste de PDG pendant deux ans». «Liberté» nous apprend que les chefs d'inculpation retenus contre les 22 mis en cause dans cette affaire concernent «la corruption, le blanchiment d'argent, la conclusion de contrats contraires à la réglementation, abus de pouvoir et constitution de bandes criminelles organisées», notant que la justice algérienne a également décidé «le gel des avoirs des personnes inculpées, la saisie de leurs biens et la mise sous scellés de leurs biens immobiliers». Pour «Mon journal», «grosses affaires s'il en est, les scandales Sonatrach 1 et 2, qui n'ont malheureusement pas levé le voile sur tous les plis, ont largement entaché l'Etat algérien et mis sous les feux de l'actualité la corruption qui gangrène les plus hauts postes de responsabilité des institutions étatiques». «Il ne nous reste plus qu'à espérer que la liste des mandats d'arrêt s'allonge pour appréhender les oubliés de ce dossier et que nos magistrats réussiront à faire extrader les criminels en cavale qui ont trahi la nation», lance pour sa part «Le jeune indépendant». La semaine dernière, la justice italienne a ordonné la saisie de 123 millions de dollars déposés sur des comptes appartenant à Farid Bedjaoui, en raison de sa présumée implication dans l'affaire de pots-de-vin versés par la compagnie italienne Saipem entre 2007 et 2009 pour l'obtention de 7 contrats en Algérie d'une valeur globale de 8 milliards d'euros.