L'Union européenne, critiquée pour la lenteur des vaccinations contre le Covid, a annoncé dimanche des progrès dans sa bataille pour obtenir les doses promises par les laboratoires, alors que des restrictions, notamment de voyages, se multiplient dans le monde pour tenter d'endiguer la pandémie. Le laboratoire Astrazeneca, qui subit depuis plusieurs jours les foudres des dirigeants européens en raison d'importants retards de livraisons – va finalement augmenter de 30% au premier trimestre les livraisons de son vaccin, autorisé vendredi sur le marché européen. L'entreprise va « fournir 9 millions de doses supplémentaires » – soit 40 millions de doses au total – et «commencera les livraisons une semaine plus tôt que prévu», a écrit dimanche la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur Twitter. La dirigeante a également maintenu l'objectif de l'UE de vacciner 70% des adultes d'ici «la fin de l'été». Malgré tout, les mois de février et mars resteront «une phase difficile» en matière d'approvisionnement en vaccins, a-t-elle toutefois reconnu. Alors que les experts de l'Organisation mondiale de la santé, qui enquêtent sur l'origine du coronavirus, se sont rendus au marché Huanan de Wuhan (centre de la Chine), point de départ il y a un an de la pandémie, le reste du monde continue de lutter contre le virus et ses variants. Un premier cas de contamination par le variant identifié en Afrique du Sud a notamment été signalé dimanche à Thessalonique, la deuxième ville grecque. La pandémie en progression Face au danger que représente l'inquiétante évolution de la pandémie, qui a fait plus de 2,2 millions de morts à ce jour, plusieurs pays ont décidé de durcir leurs mesures restrictives, notamment en matière de voyages. La France a ainsi fermé ses frontières aux pays extérieurs à l'UE, une mesure qui entre concrètement en vigueur lundi, serrant la vis comme le Portugal, l'Allemagne et le Canada – qui a franchi dimanche le seuil des 20.000 morts – pour freiner la troisième vague de la Covid-19. Le Portugal, durement touché, a mis fin dimanche aux déplacements non essentiels à l'étranger. «Il y a tant de morts, nous n'avons pas d'endroits pour en entreposer autant, tout est surchargé. Avec la Covid-19, j'ai déjà perdu ma tante, mon cousin, mon père et mon grand-père», déplore Artur Palma, gérant de pompes funèbres dans la banlieue de Lisbonne. Les autorités australiennes ont de leur côté confiné dimanche pour cinq jours deux millions de personnes à Perth après la détection d'un seul cas, tandis que le gouvernement israélien a décidé dimanche soir de prolonger de cinq jours ses mesures de confinement. Au Pérou, les 10 millions d'habitants de la capitale Lima ont commencé une quarantaine obligatoire. Aux Etats-Unis, les masques seront obligatoires à partir de mardi dans les transports publics, les avions, les bus, les trains, les taxis et les ferries. Un an après, l'OMS à Wuhan Après les récentes émeutes aux Pays-Bas, les gouvernements s'inquiètent aussi du rejet des restrictions par les populations. A Vienne, environ 10 000 personnes, dont des néonazis, ont bravé dimanche une interdiction de manifester contre le couvre-feu et le confinement mis en place par le gouvernement. A Bruxelles, près de 500 personnes ont été arrêtées préventivement dimanche pour empêcher deux manifestations interdites par les autorités contre les mesures anti-Covid. Des échauffourées ont par ailleurs éclaté dimanche soir dans la ville libanaise de Tripoli entre les forces de l'ordre et des manifestants, après plusieurs jours de violents affrontements et de rassemblements dénonçant les répercussions économiques d'un confinement strict. En Chine, à Wuhan, l'équipe de l'OMS, soumise au contrôle étroit des autorités locales, a «rencontré des personnes clés» et a «posé des questions pour aider à mieux comprendre des facteurs qui ont permis l'émergence du Covid», a déclaré un de ses membres, Peter Daszak, dans un tweet. Même si un an s'est écoulé depuis la naissance de l'épidémie, M. Daszak a jugé que parler au personnel et voir le marché avait été «très informatif». Les experts n'ont répondu à aucune question des journalistes, tenus à l'écart par les forces de l'ordre. Cette visite est ultra-sensible pour Pékin, accusé d'avoir tardé à réagir face aux premiers cas. Si la Chine a pu limiter le nombre des morts sur son sol à 4 636, selon le comptage officiel, elle continue d'être vigilante. Dimanche, elle a décidé d'interdire provisoirement l'entrée sur son territoire de ressortissants étrangers en provenance du Canada, a annoncé l'ambassade de Chine à Ottawa. La course aux commandes Devenu l'un des symboles de la lutte contre la pandémie après avoir collecté une somme record pour le service de santé britannique, le capitaine Tom Moore, un ancien combattant centenaire, a été hospitalisé dimanche après avoir été à son tour contaminé par le coronavirus. La planète compte sur la vaccination pour stopper l'épidémie. L'Algérie a lancé samedi sa campagne de vaccination avec le vaccin russe Spoutnik V tandis que l'Egypte attendait dimanche sa première cargaison de vaccins AstraZeneca. L'Afrique du Sud a commandé 20 millions de doses du vaccin Pfizer/BioNTech. Sous pression des Nations unies pour faciliter la vaccination des Palestiniens, Israël a fait part de son intention de leur fournir 5 000 doses, une mesure jugée «symbolique». Et Dubaï a annoncé vouloir «accélérer» la distribution des vaccins contre le coronavirus, en particulier à destination des «pays émergents», après que l'OMS a appelé à ne pas abandonner les Etats les plus pauvres.