Le Canada a obtenu des assurances que ses importations de vaccins fabriqués en Europe ne seraient pas entravées par le système de contrôle mis en place par l'Union européenne. Bruxelles a adopté un mécanisme permettant de contrôler les exportations hors de l'UE des vaccins contre la Covid-19 qui y sont produits et empêcher la sortie de doses destinées aux Européens, a annoncé vendredi le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis. La Commission européenne, sous pression après l'annonce de retards de livraisons du laboratoire AstraZeneca, a adopté vendredi cette réglementation soumettant les vaccins à «une autorisation d'exportation», a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse. L'objectif est «d'avoir des informations exactes sur la production de vaccins et (savoir) où les entreprises veulent les envoyer», a expliqué M. Dombrovskis, également vice-président de la Commission, et ce pour éviter que des laboratoires exportent ailleurs des doses qu'elles seraient contractuellement tenues de livrer aux pays de l'UE. Le dispositif — qui avait été présentée ces derniers jours par l'exécutif européen — doit être publié dès ce vendredi au journal officiel de l'UE pour entrer en vigueur samedi. En pratique, il incombera aux États membres d'exercer ce contrôle et de délivrer les autorisations à l'export, sur la base des «recommandations» non contraignantes émises par la Commission, en se prononçant «en l'espace de quelques heures», selon un responsable européen. Par ailleurs, «une disposition de la réglementation contribuera à obtenir des informations sur les exportations, leurs destinations et volumes, pour une période couvrant les trois mois précédant l'entrée en vigueur : cela permettra d'éclairer les mouvements des dernières semaines», a observé M. Dombrovskis. L'UE n'est pas convaincue par les arguments d'AstraZeneca, qui a annoncé réduire drastiquement ses livraisons de vaccins aux Vingt-Sept en raison d'un problème de «rendement» sur un site de production européen. Bruxelles a rappelé que le contrat signé supposait une production sur quatre usines, et donc que des difficultés sur le seul site belge incriminé ne pouvaient expliquer l'ampleur des retards : de quoi alimenter la suspicion d'acheminements hors de l'UE. Des exceptions sont prévues pour les acheminements à visée humanitaire, en particulier ceux pour des dizaines de pays couverts par l'initiative internationale Covax, et pour les États situés dans le voisinage de l'UE, y compris la Suisse et les Balkans occidentaux. Le dispositif «entend protéger véritablement les accords de précommande de vaccins que nous avons déjà conclus, et qui garantissent que nous ayons accès à des vaccins», a insisté la commissaire à la Santé Stella Kyriakides, lors de la même conférence. «Nous ne nous défendons pas contre un pays en particulier, nous ne sommes pas dans une course avec quiconque», a-t-elle ajouté, se refusant à livrer des indications sur d'éventuels acheminements de l'UE vers le Royaume-Uni. «Ce que nous voulons, c'est nous assurer que nous avons ce type d'informations, c'est ce niveau de transparence», a-t-elle conclu.