Une «percée» a été obtenue dans les discussions sur la crise opposant le Qatar à plusieurs de ses voisins et un accord y mettant fin sera signé mardi en Arabie saoudite, a annoncé lundi un responsable américain sous couvert d'anonymat. «Nous avons obtenu une percée dans le différend au sein du Conseil de coopération du Golfe», a indiqué ce responsable. Ce dernier a précisé que Jared Kushner, gendre et conseiller de Donald Trump qui est en première ligne sur ce dossier, serait présent mardi en Arabie saoudite lors du sommet des pays de la région. «Lors de la signature le 5 janvier, les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe plus l'Égypte se rassembleront pour signer un accord qui mettra fin au blocus ainsi qu'aux actions en justice du Qatar», a ajouté le responsable américain. L'Arabie saoudite a rouvert lundi au Qatar son espace aérien et ses frontières. Le royaume saoudien, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte ont rompu en juin 2017 leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l'accusant de soutien aux islamistes, de connivence avec l'Iran ou encore de semer le trouble dans la région. L'émir du Qatar se rendra en Arabie saoudite Par ailleurs, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, va se rendre en Arabie saoudite pour participer au sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), un signe prometteur de réconciliation entre Doha et plusieurs de ses voisins qui le boycottent depuis 2017. «L'émir va participer à la réunion du CCG qui se tiendra mardi dans la province d'Al-Ula dans le royaume frère d'Arabie saoudite» a annoncé lundi soir son bureau dans un communiqué. Par ailleurs, l'Arabie saoudite va rouvrir au Qatar son espace aérien et ses frontières terrestres et maritimes après plus de trois ans de rupture des liens entre les deux pays du Golfe, a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères du Koweït. «Sur la base d'une proposition de l'émir du Koweït, cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, il a été convenu d'ouvrir l'espace aérien ainsi que les frontières terrestres et maritimes entre l'Arabie saoudite et le Qatar à compter de ce soir (lundi)», a affirmé le ministre des Affaires étrangères du Koweït, le cheikh Ahmed Nasser Al-Sabah dans une déclaration télévisée. Réconciliation sous médiation du Koweït Cette annonce intervient à la veille d'un très attendu sommet des pays du Conseil de coopération du Golfe en Arabie saoudite, lors duquel pourrait être scellée une réconciliation entre Riyad, ainsi que d'autres pays, et le Qatar. Le chef de la diplomatie koweïtienne a ajouté que l'émir de ce pays qui fait office de médiateur dans la crise du Golfe s'était entretenu par téléphone avec les dirigeants saoudien et qatari. Ces derniers ont, selon lui, appelé à « l'unité » des pays du Golfe à l'occasion du sommet de mardi. Les États-Unis, soucieux d'unifier les pays arabes face à l'Iran, ont fait pression pour réconcilier les pays en froid dans le Golfe, tous étant des partenaires stratégiques de Washington. La rupture avec le Qatar s'est accompagnée de mesures de rétorsion : fermeture des frontières et de l'espace aérien aux avions du Qatar et restriction sur les déplacements de Qataris, ce qui a parfois conduit à la séparation de familles mixtes. Priorité pour Trump Le conseiller américain à la sécurité nationale Robert O'Brien a déclaré en novembre qu'autoriser les avions du Qatar à survoler l'Arabie saoudite était une priorité pour le président Donald Trump, dans le cadre de sa politique de pression maximale envers Téhéran. Selon les médias iraniens, le Qatar — dont les avions sont obligés de contourner l'Arabie saoudite — paye plus de 100 millions de dollars par an pour pouvoir utiliser l'espace aérien de la République islamique, une manne pour ce pays étouffé par les sanctions américaines. Les cinq pays en conflit diplomatique ont multiplié les déclarations inhabituellement conciliantes ces dernières semaines. Mais les Émirats arabes unis, particulièrement hostiles à l'égard du Qatar à cause de sa proximité avec les Frères musulmans, seraient réfractaires à une réconciliation, selon des experts. Le quatuor anti-Qatar avait formulé treize conditions à la reprise des relations avec Doha, notamment la fermeture d'Al-Jazeera, chaîne de télévision honnie par de nombreux régimes arabes, des engagements sur la fin du financement de groupes extrémistes ou encore la fermeture d'une base militaire turque sur le sol qatari. L'émirat a toujours refusé de se plier à ces demandes qu'il juge attentatoires à sa souveraineté. En guise d'apaisement, les analystes estiment toutefois que les médias qataris, dont Al-Jazeera, pourraient devoir modérer leur ton vis-à-vis de l'Arabie saoudite.