Le président américain Donald Trump avait limogé en septembre 2019 son conseiller à la sécurité nationale John Bolton avec lequel il avait de nombreuses divergences sur nombre de dossiers, de l'Iran à la Corée du Nord. Bolton a récemment critiqué la décision américaine de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara. Le président Donald Trump a fustigé, dimanche 20 décembre, les veilletés guerrières de son conseiller à la sécurité nationale John Bolton, en marge des critiques de ce dernier de l'annonce présidentielle affirmant que les Etats-Unis reconnaissaient la souveraineté marocaine sur le Sahara. What would Bolton, one of the dumbest people in Washington, know? Wasn't he the person who so stupidly said, on television, "Libyan solution", when describing what the U.S. was going to do for North Korea? I've got plenty of other Bolton "stupid stories". — Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 20, 2020 Le président américain a tweeté : «Que saurait Bolton, l'une des personnes les plus stupides de Washington? N'était-il pas celui qui a si bêtement annoncé, à la télévision, la "solution libyenne", en décrivant ce que les États-Unis allaient entreprendre à l'égard la Corée du Nord? J'ai plein d'autres "histoires stupides" de Bolton.» John Bolton est perçu comme ayant des notions prédéfinies sur le dossier du Sahara, soutenant sans coup férir le front Polisario et les positions algériennes. Ayant travaillé sur la question du Sahara lorsqu'il était fonctionnaire du Département d'État et assistant de l'envoyé personnel du secrétaire général, James Becker, de 1997 à 2004, Bolton devait utiliser tout son poids politique pour faire pression sur le Conseil de sécurité afin qu'il accélère une solution définitive au conflit, sans succès. «Bolton est un soutien de premier plan du Front Polisario sur la question du Sahara marocain car il est la seule voix des néoconservateurs qui ont exprimé à plusieurs reprises des positions contre les intérêts du Maroc, en particulier concernant le conflit du Sahara», avait déclaré à Barlamane.com le politologue marocain Abderrahim al-Assri. Le Maroc reste un allié stratégique clé des Etats-Unis au Maghreb. Les deux pays entretiennent une coopération étroite dans les échanges de renseignements et de communications. Malgré ce que les médias ont surnommé «l'effet Bolton» et la décision du Conseil de sécurité de raccourcir le mandat de la Minurso, les trois résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis avril 2018 ont permis au Maroc d'accomplir des réalisations diplomatiques considérables. Le bond en avant diplomatique du Maroc a été illustré par les résolutions 2414, 2440 et 2468, qui soulignent toutes la nécessité de parvenir à une «solution politique réaliste, praticable et durable à la question du Sahara fondée sur un compromis». Ces résolutions sont les premières dans lesquelles le Conseil de sécurité discute du résultat du processus politique et souligne la nécessité pour les parties d'être réalistes afin de parvenir à une solution pratique et durable, ce qui est conforme à la position marocaine. En outre, les résolutions 2440 et 2468 mentionnent l'Algérie et la mentionnent sur un pied quasi égal avec le Maroc. Il s'agit d'un changement sans précédent dans la formulation adoptée par le Conseil sur cette question depuis le début du processus politique en 2007. Alors que l'importance de la participation de l'Algérie au processus politique a été mentionnée trois fois dans la résolution 2440, elle a été mentionnée cinq fois dans la résolution 2468. Cela suggère un changement progressif au sein du Conseil de sécurité pour considérer l'Algérie comme une partie clé du conflit. Ce changement est conforme à la position du Maroc. Le Maroc insiste depuis longtemps pour que l'Algérie soit considérée comme une partie clé du conflit, et sur le fait que le différend ne peut être résolu tant que l'Algérie n'est pas considérée comme telle. Le Maroc est non seulement sorti indemne du mandat de Bolton en tant que conseiller à la sécurité nationale, mais a également réalisé des gains diplomatiques importants. M. Trump, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier, a annoncé dans le même temps sur Twitter qu'il avait signé le 10 décembre une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara. «La proposition sérieuse, crédible et réaliste du Maroc sur le plan d'autonomie est la seule base pour une solution juste et pérenne afin d'assurer paix et prospérité !», a-t-il écrit. «Le Maroc a reconnu les Etats-Unis en 1777. Il est donc approprié que nous reconnaissions leur souveraineté sur le Sahara occidental», a-t-il ajouté. Le roi Mohammed VI a, de son côté, salué une «prise de position historique» des Etats-Unis.