Contesté par la rue, il va devoir s'accorder avec les forces politiques pour former un gouvernement, deux mois après la démission de son prédécesseur suite à l'explosion qui a dévasté Beyrouth. A la tête du gouvernement libanais de 2016 à 2019, Saad Hariri a de nouveau été désigné premier ministre, jeudi 22 octobre, a rapporté la présidence après les consultations parlementaires contraignantes menées par le chef de l'Etat Michel Aoun. M. Hariri a été choisi par une majorité de 65 députés, selon un communiqué lu en conférence de presse par un haut responsable de la présidence. Soutenu par les députés de son bloc et par le parti du dirigeant druze Walid Jumblatt, il a également obtenu l'aval du parti chiite Amal, dirigé par Nabih Berri, le président du Parlement. Le Hezbollah chiite n'avait en revanche pas désigné de candidat – le poste de premier ministre revient à une personnalité sunnite dans le cadre du partage confessionnel du pouvoir – mais avait affiché sa volonté de faciliter le processus. «Nous allons contribuer à préserver ce climat positif», a déclaré à la presse le président de son groupe parlementaire, Mohammed Raad. Au fil des consultations, d'autres groupes ou indépendants reçus par Michel Aoun ont apporté leur soutien à Hariri parmi lesquels l'ex-premier ministre Tammam Salam. Premier bloc parlementaire chrétien, les élus du Courant patriotique libre de Gebran Bassil, gendre d'Aoun, avaient déjà fait savoir qu'ils accepteraient sa désignation. En revanche, le bloc des Forces libanaises de Georges Adwane n'a pas exprimé de soutien. Crise financière et corruption endémique La nomination de Saad Hariri intervient un an après son départ à l'issue d'importantes manifestations demandant un profond renouvellement de la classe politique nationale, accusée d'être incompétente et corrompue. Le gouvernement qui avait pris la suite, dirigé par Hassan Diab, a démissionné après l'explosion qui a dévasté le port de Beyrouth le 4 août, entraînant la mort de plus de 200 personnes, des milliers de blessés et d'énormes dégâts dans la capitale. Le fils de l'ancien premier ministre assassiné en 2005, Rafic Hariri, s'était déclaré candidat il y a une quinzaine de jours. Il va devoir à présent s'accorder avec les forces politiques pour former un gouvernement à même de s'atteler à des réformes indispensables pour espérer sortir le pays de la crise financière qui le frappe et de s'attaquer à la corruption et l'incurie dramatiquement reflétées par la catastrophe du mois d'août.