Le député Tammam Salam, membre modéré de l'opposition appuyée par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, était bien parti jeudi pour être le prochain Premier ministre du Liban, après la démission du gouvernement de Najib Mikati. Ni le Hezbollah ni son allié chrétien Michel Aoun ne se sont pas encore sur la candidature de salam. M. Salam, un député de Beyrouth de 67 ans, a reçu le soutien de la coalition de l'opposition dite du «14 mars», mais aussi l'appui du leader druze Walid Joumblatt dont le bloc au Parlement fait de lui un faiseur de rois. Les députés de l'opposition, menée par le sunnite Saad Hariri, et ceux du bloc de M. Joumblatt vont nommer M. Salam lors des consultations de deux jours qui seront entamées vendredi par le président de la République Michel Sleimane avec les différents groupes parlementaires. La tradition au Liban, pays multiconfessionnel qui a connu une guerre civile (1975-1990), veut que le poste de Premier ministre revienne à la communauté sunnite. Le Parlement libanais, formé de 128 députés, comprend 61 députés de la coalition du Hezbollah et ses alliés, 60 de l'opposition et sept du groupe de M. Joumblatt. En 2011, le Hezbollah et ses alliés ont fait tomber le gouvernement de Saad Hariri, grâce au soutien de M. Joumblatt, un virulent critique du régime de Damas mais qui refuse le désarmement par la force du puissant parti chiite. Au sein de l'opposition, Tammam Salam est considéré comme une voix modérée en comparaison avec les «faucons» farouchement hostiles au Hezbollah et à son arsenal. «Les participants à la réunion ont décidé à l'unanimité de nommer Tammam Salam pour qu'il soit chargé de former le gouvernement (...) en raison de son engagement national et moral», a affirmé Fouad Siniora, ex-Premier ministre et un ténor de l'opposition, lors d'une réunion tenue jeudi soir à Beyrouth. «C'est une grande responsabilité nationale (...) je remercie mes frères de la coalition du 14-mars», a affirmé M. Salam présent à la réunion. Le Hezbollah et son allié chrétien Michel Aoun ne se sont pas encore exprimés concernant la candidature de M. Salam. «M. Salam est la voix de la modération (...) il n'a jamais dit un mot de mal contre la résistance (Hezbollah)», a affirmé pour sa part M. Joumblatt, dans une interview télévisée. Il a appelé à un cabinet d'union nationale auquel les deux bords participeraient. Le Premier ministre sortant Najib Mikati, qui se veut une personnalité neutre, avait démissionné le 22 mars à la suite de divergences avec le Hezbollah, notamment sur la prolongation du mandat du chef de la police, Achraf Rifi, un sunnite hostile à Damas et bête noire du parti chiite, allié indéfectible de M. Assad. Sa démission est surtout liée à la crise en Syrie, qui divise profondément leLiban entre partisans et adversaires du régime de Damas, ancienne puissance de tutelle pendant 30 ans. M. Mikati prônait une politique de neutralité envers la crise, alors que le Hezbollah défendait ouvertement le régime de Bachar al-Assad. Tammam Salam est le fils de Saëb Salam qui a été Premier ministre à plusieurs reprises entre 1952 et 1973 et appartient de ce fait à l'une des grandes familles politiques du Liban. Il a été élu député de Beyrouth en 1996 sur la liste de Rafic Hariri, père de Saad Hariri assassiné en 2005 dans un attentat. Il a été réélu une deuxième fois en 2009 sur la liste de Saad Hariri. Il a fait des études d'économie et de gestion en Angleterre et est marié et père de trois enfants.