Le rédacteur en chef du quotidien «Akhbar al–Yaoum», Younes Masskine, a déclaré avoir été licencié par les détenteurs du journal. Il dénonce une procédure «arbitraire» dans la forme et dans le fond. La société éditrice de «Akhbar al–Yaoum» a rompu abusivement le contrat de collaboration qui la liait avec le journaliste Younes Masskine, a déclaré ce dernier dans un post Facebook amer, le 9 octobre. Les réactions qui s'en sont suivies ont dénoncé un licenciement «sans cause réelle et sérieuse». La rédactrice en chef de la version électronique du site a annoncé attendre le sort de M. Maskine, déclarant que «c'est toute une rédaction qui est en souffrance.» M. Masskine, l'une des recrues les plus chevronnées du journal a déclaré : «J'annonce à toute personne ayant des liens ou des obligations financières, administratives ou commerciales avec Media 21, qui publie le journal Akhbar al-Youm, que j'ai reçu aujourd'hui une mise en demeure du propriétaire de la majorité absolue du capital de la société susmentionnée, portant la décision de me dispenser de toute mission au sein de l'entreprise, laquelle décision a été prise de manière arbitraire et sans aucun respect des formalités et procédures prévues par la loi. En conséquence, je porte à la connaissance de tous, en particulier certaines parties prenantes, que je ne suis plus autorisé, à compter d'aujourd'hui, à assumer de nouvelles obligations ou à remplir des obligations antérieures que j'avais supervisées.» Selon nos sources, les subventions accordées par le gouvernement au journal en avril cristallisent les tentions. Akhbar al-Yaoum souffre, depuis plusieurs années, de la baisse des recettes issues des ventes en kiosques, des abonnements et des revenus publicitaires. Les journalistes «se sont vus promettre qu'ils seraient payés régulièrement», quand Younes Masskine a pris le relais lorsque l'entreprise n'avait pas les fonds nécessaires pour payer les salaires. Il aurait réclamé que l'enveloppe débloquée au titre de l'année 2019 soit consacrée au règlement de leur situation, jugée alarmante. Créé par Taoufik Bouachrine, le patron de presse déchu condamné pour «traite d'êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol» à quinze ans de prison, Akhbar al-Yaoum (réputé proche du Parti justice et développement (PJD, islamiste), propriété de la société Média 21, avait dévoilé un plan social comprenant des suppressions de poste et procédé à des renvois très contestés d'une partie de ses équipes. Crise ouverte Car les journalistes dénoncent des licenciements abusifs et des baisses de salaires pour les employés, qui ont mené plusieurs grèves, tandis que la direction se verse des salaires mirobolants, dont le frère et l'épouse de Toufik Bouachrine, objets de tous les griefs. Ils fustigent également une liste nominative de journalistes remerciés, établie par la direction sur des critères très aléatoires. Les journalistes ont observé en octobre 2019 trois jours de grève pour protester contre « un plan inique » et avaient manifesté devant les locaux du journal à Casablanca pour réclamer le versement de leurs rémunérations. Plusieurs plumes collaborant avec le journal, ont fait part, dans une lettre de soutien au journaliste, de leur « malaise » face à des « dépassements » liées au plan social et à la situation interne du quotidien. Lourdement endettée, Média 21 avait annoncé la chute de ses revenus en raison d'un contexte économique « très difficile ». Scandales, scandales Empêtré dans un grand scandale sexuel qui a ému l'opinion publique, l'ex-propriétaire du journal, Toufik Bouachrine, a été reconnu coupable de toutes les charges retenues contre lui. Ses victimes ont obtenu des indemnisations allant de 100 000 à 500 000 dirhams. L'accusation a été fondée sur deux plaintes, trois témoignages à charge et cinquante vidéos saisies dans son bureau lors de son arrestation. Des images très explicites, dont certaines démontrent «des pratiques abjectes». Fin mai, la justice a placé en détention préventive l'ex-rédacteur en chef du quotidien, Soulaiman Raissouni, soupçonné de crimes sexuels. Le journaliste de 48 ans a été interpellé à la suite d'accusations publiées sur Facebook par un militant pour les droits des personnes LGBT. Le juge d'instruction près de la cour d'appel de Casablanca a décidé «de placer Soulaiman Raissouni en détention préventive pour les besoins d'une enquête sur des faits présumés d'attentat à la pudeur avec violence et séquestration», au terme de sa garde. Son procès reprendra fin octobre.