Après que son fondateur fut emprisonné, le quotidien Akhbar Al-Yaoum, passé sous le contrôle d'une direction proche du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), est en proie à une crise interne. Le chef du pôle économique au sein du journal, Idrissi El Mouden, dénonce de graves erreurs, tant sur le plan de la gestion que des choix éditoriaux. Akhbar Al-Yaoum agonise. Alors que la société Média 21 est au bord de la faillite, le chef du pôle économique au sein du quotidien, Idrissi El Mouden, a ouvert le feu, le 13 février sur sa page Facebook, en dressant un bilan très critique de la direction actuelle. «Le présent, c'est la souffrance des équipes qui gèrent le quotidien, un échec économique et financier et des choix éditoriaux très contestables», écrivait le journaliste qui s'interroge sur l'identité du journal. Ce message cinglant, en forme d'état de lieux global du journal en circulation depuis 2009, a provoqué de multiples réactions. La rédaction du journal, une petite dizaine de journalistes à ce jour, ne perçoit plus son salaire, alors que la haute hiérarchie dilapide les fonds du quotidien pour son confort matériel. Le journaliste pointe également les positions très critiques du journal envers le ministre de l'agriculture, Aziz Akhannouch. Les principaux griefs reprochés aux gérants du journal, le manque d'assainissement des finances et l'ambiguïté qui entoure son avenir. El Moudden n'épargne pas non plus,Toufik Bouachrine, remettant en cause sa rapide ascension professionnelle et le sort de la colossale fortune qu'il a amassée en quelques années. Il évoque également les rumeurs liées à la reprise du journal par le ministre de l'Industrie, Hafid Elalamy. Au-delà de cette crise intestine, un malaise plus profond se profile : le devenir du quotidien et du groupe. Lourdement endetté, les repreneurs du journal, réputés proches du PJD n'ont pas dévoilé leurs projets de développement. Le 17 février, en marge d'une réunion convoquée en catastrophe, à la suite de la publication de El Mouden, ils ont décidé d'enclencher une procédure de licenciement contre lui. Condamné pour «traite d'êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol» en première instance, en novembre 2018 Taoufik Bouachrine a vu sa peine alourdie, le 25 octobre 2019, à quinze ans de prison par la cour d'appel de Casablanca, convaincue qu'il a été coupable de violences sexuelles. Arrêté le 23 février 2018, le quinquagénaire est depuis incarcéré à la prison de Casablanca.