Ce ne sont pas les exagérations et les démarches extravagantes qui feront dévier la justice marocaine, qui n'est aux caprices de personne. Hajar Raissouni donne aujourd'hui le spectacle d'une personne qui, pour se maintenir sur le devant de la scène, se croit obligée de recourir à l'intervention étrangère. Il paraît que le déchaînement contre le Maroc dans une certaine presse française ne se ralentira pas. Des organes étrangers qui veulent transformer toutes les affaires juridiques en délits de la presse. Funeste pente. Hajar Raissouni est de retour. Elle prétend avoir sur quelques affaires juridiques une lumière particulière. Elle émet la prétention d'en savoir tant soit peu plus long que les autres. Les affirmations tranchantes et les certitudes personnelles remplacent la vérité et les faits. Hajar Raissouni, 28 ans, reporter du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum arrêtée le 31 août 2019 en sortant d'un cabinet médical de Rabat pour «avortement illégal» et «débauche» (sexe hors mariage) avant d'être condamnée à un an de prison et graciée par le roi Mohammed VI, a donné un entretien le 8 octobre. Elle y dénonce, entre autres, «l'instrumentalisation du corps des femmes» par l'État marocain. Elle se livre à Rosa Moussaoui de l'Humanité et Rachida El Azzouzi de Mediapart, les deux journalistes qui... avaient voulu enfoncer la victime déclarée de Omar Radi à travers des questions persécutrices et une «enquête» à charge Dans ses réponses, Hajar Raissouni, qui se perd dans une personnification dramatique, évoque une «vengeance», un «harcèlement», des «réalités moyenâgeuses», des «lois liberticides», et une «violence institutionnelle envers les femmes». Des mots lancés sans aucune consistance, des détails entachés de faux qui laissent s'établir dans les esprits la pensée qu'elle était explicitement visée par la justice. Raisons et arguments étaient d'un poids sensiblement pareil, c'est-à-dire assez léger. Une lecture rapide des fragments publiés de cet entretien nous font voir que cette nouvelle publication n'est que la conséquence du plan suivi, lequel consiste à blâmer, dans la presse étrangère, la justice marocaine et à entraver tous ses actes. Le tout sous grand renfort de faux semblants de principes et de contradictions de tous genres. Au moment de son arrestation, Hajar Raissouni a assuré avoir été traitée pour une hémorragie interne sans en préciser la cause. Elle a été placée en détention avec son fiancé qu'elle devait épouser mi-septembre 2019 tout comme le médecin traitant, un infirmier et une secrétaire médicale. Tout en faisant l'impasse sur les réalités, Hajar Raissouni a l'imagination prompte et volontiers débordante : elle s'y livre à mauvais escient, et il faut presque toujours chercher sous sa rhétorique une intention de déformer la vérité. «Elle s'est exilée au Soudan avec celui qui est devenu son mari» annonce-t-on. Peut-on être exilée au pays de son mari ? Rappelons que sa défense a remis en cause [seulement] des «vices de forme» dans la procédure la concernant. Elle n'a jamais évoqué autre motif pour contester les accusations qui pèsent sur elle. Les uns et les autres avaient d'ailleurs des opinions égales en intensité, et naturellement en intolérance, sur son affaire. Il n'y avait aucune affaire Hajar Raissouni. Il y avait des débats sur les libertés individuelles au Maroc. Même le parquet de Rabat avait assuré dans un communiqué que son arrestation n'avait «rien à voir avec sa profession de journaliste», mais était intervenue dans le cadre d'une enquête judiciaire plus globale visant le cabinet médical qu'elle a visité. Non, Hajar Raissouni n'était pas le centre d'une quelconque affaire contrairement à ses affirmations. Le centre de l'affaire, ce sont les organisations de médecins qui ont demandé une «révision de la réglementation portant sur la relation entre le médecin et ses patients dans le cadre du secret médical» ; c'est la société civile, qui a réclamé une révision du code pénal – y compris les dispositions concernant l'avortement – des points qui ont figuré à l'ordre du jour de quelques débats parlementaires. Hajar Raissouni nous dira pourquoi son camp refuse d'élever les questions de cette nature à la hauteur d'un grand débat politique, au lieu d'en faire une lutte de partis, de surenchère, une question de pouvoir. Pourquoi chaque fois la situation des femmes marocaines est évoquée, sa coterie, non par vertu, mais par ambition, par orgueil, par étourderie, par esprit de corps, parce qu'elle a la profonde conviction qu'il n'y a pas d'intérêt plus puissant que le triomphe de sa doctrine, bloque toute discussion sur les mœurs. Que Hajar Raissouni nous dise combien de voix dans les rangs des islamistes du PJD se sont élevées pour exiger de décriminaliser l'interruption volontaire de grossesse ? Sachant qu'entre 600 et 900 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations d'associations. La vraie instrumentalisation des corps des femmes est là. Aussi l'opinion, — non pas tout entière assurément, mais en majorité, — s'est-elle prononcée pour la révision des lois sur les libertés individuelles. La famille Raissouni est proche d'un parti qui se donne pour le parti de l'ordre, mais qui s'appliquait à entraver tous les actes pour améliorer la condition des femmes, à exciter contre elles toutes les répugnances, à retarder tous les projets de loi conçus dans l'intérêt public, et il ne reniait ses propres doctrines que pour satisfaire à ses appétits d'ambition. C'est là, la vérité, opprimée.