Les deux commissions des finances à la Chambre des représentants et à la Chambre des conseillers ont tenu, ce mercredi, une réunion consacrée à la présentation du cadre général d'élaboration du projet de loi de finances 2021 par le ministre de l'Économie, des Finances et de la Réforme de l'administration. Au début de son exposé, Mohamed Benchaâboun a rappelé les orientations générales de la loi de finances rectificative, où il a évoqué les contextes, international et national, caractérisés essentiellement par les répercussions de la pandémie du Covid-19. En effet, les orientations générales du projet de loi de Finances rectificative 2020 reposent sur trois piliers. Il s'agit de l'accompagnement de la reprise progressive de l'activité économique, la préservation de l'emploi et l'accélération de la mise en œuvre des réformes de l'administration. Récession économique mondiale confirmée par les derniers baromètres conjoncturels M. Benchaâboun a noté que l'économie mondiale devrait connaître une récession sévère en 2020 avant de se redresser en 2021. Par exemple, l'économie américaine devrait se contracter fortement au second trimestre 2020, après un repli de 5% au T1 en rythme annualisé, affectée par les effets de la pandémie (3,8 millions cas et 140.000 décès au 20 juillet). Après une forte baisse en avril, l'activité montre des signes de stabilisation. La reprise est ainsi soutenue par la réouverture de l'économie et par une relance monétaire et budgétaire sans précédent (dont un appui budgétaire de 14% du PIB) mais qui pourrait, toutefois, être freinée par l'accélération récente des nouveaux cas Covid-19. De plus, l'économie du Japon devrait se contracter de 5,8% en 2020, affectée par les mesures de prévention contre le coronavirus, avant de rebondir de 2,4% en 2021, selon le FMI. Déjà fragilisée fin 2019, l'économie nippone est entrée en récession au premier trimestre 2020 (-2,2% au T1 après -7,2% au T4-2019, en rythme annualisé). L'activité est affectée par une faiblesse de la consommation privée, des dépenses en capital et de la demande extérieure. Le PIB devrait se contracter de nouveau au deuxième trimestre, suite à la déclaration de l'état d'urgence national (entre mi-avril et fin mai) pour faire face à la crise de coronavirus qui continue de miner la confiance des ménages et des entreprises. L'économie marocaine devrait se contracter de 5% S'agissant de l'économie marocaine, elle devrait se contracter de 5% sous l'effet de la pandémie du nouveau coronavirus et la sécheresse. Dans ce cadre, le ministre des Finances a rappelé que la LFR pour l'année 2020 table sur un taux de croissance de -5% au lieu de +3,7% et un déficit budgétaire prévisionnel de 7,5% du PIB au lieu de 3,5%. Pour ce qui est des activités sectorielles, l'argentier du Maroc a noté qu'au terme du premier trimestre 2020, la valeur ajoutée du secteur agricole s'est repliée de 5%, après une baisse de 6,2% un an plus tôt, en raison des conditions climatiques défavorables qui ont marqué la campagne agricole 2019-2020. Ce repli a donné lieu à une production céréalière estimée à 30 millions de quintaux, en retrait de 42% par rapport à la campagne précédente et de 62,3% comparativement à la moyenne des cinq dernières années. Cette production serait constituée à hauteur de 16,5 millions de quintaux de blé tendre, de 7,5 millions de quintaux de blé dur et de 5,8 millions de quintaux d'orge. Néanmoins, les conditions climatiques difficiles de l'actuelle campagne agricole devraient affecter à un degré moindre les autres filières agricoles, notamment pour ce qui est de l'élevage, et ce à la faveur des dernières précipitations enregistrées qui seraient de nature à améliorer les disponibilités fourragères des parcours. Accélération des crédits bancaires à fin juin En ce qui concerne le financement de l'économie, M. Benchaâboun a fait part d'une accélération des crédits bancaires (+6,5% à fin mai après +4,4% l'an dernier) due à une augmentation des crédits aux sociétés non financières privées (+11,3% après +2,9%), en rapport notamment avec le recours des entreprises impactées par la crise aux ressources de financement mobilisées dans le cadre de dispositifs de garantie, dont « DAMANE OXYGÈNE ». Il a également indiqué qu'au cours du deuxième trimestre 2020, le besoin de liquidité des banques s'est accentué, comparativement au trimestre précédent, se situant en moyenne à près de 96 MMDH après 71,4 milliards au premier trimestre 2020. Quant à l'indicateur d'inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatiles et les produits à tarifs publics, il aurait connu, selon le HCP, au cours du mois de juin 2020 une baisse de 0,2% par rapport au mois de mai 2020 et une hausse de 0,7% par rapport au mois de juin 2019. S'agissant du taux de chômage, il a augmenté de 1,4 point entre T1-2020 et T1-2019 à 10,5%, dans un contexte d'évolution plus importante de la population active (+2,4%) comparativement à la population active occupée (+0,7%). Dans ce cadre, le ministre a noté que des conventions seront signées par secteur pour tenter de baisser le taux de chômage. Allégement du déficit commercial de 12% à 73,7 milliards de dirhams Il a également relevé un allégement du déficit commercial de 12% à 73,7 milliards de dirhams et dégradation du taux de couverture de 2,3 points à 57,8% à fin mai 2020. En effet, le déficit commercial a enregistré un allègement de 12% pour se situer à 73,7 milliards de dirhams. Cette évolution est en relation avec l'effet conjoint de la baisse des exportations de 20,1%, ainsi que des importations de 16,9%. Le taux de couverture, quant-à-lui, s'est dégradé de 2,3 points pour s'établir à 57,8%. Par ailleurs, l'argentier a noté un repli de 40 MMDH des recettes fiscales. A fin juin 2020, les recettes fiscales ont été exécutées à hauteur de 43,8% et ont enregistré une baisse de 8,5% pour se situer à 99,7 milliards de dirhams. Quant aux recettes relatives aux droits d'enregistrement et timbre, elles ont baissé de 22,6% pour s'établir à 7,1 milliards de dirhams, soit un taux de réalisation de 42,5%, en relation particulièrement avec le reflux des transactions immobilières. Mohamed Benchaâboun a précisé, à la fin de son exposé, que 1.900.000 personnes ont bénéficié de la troisième tranche des aides financières allouées dans le cadre de l'opération «Tadamon». Il a également rappelé que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) servira, à partir de ce mercredi, l'indemnité forfaitaire au titre du mois de juin aux salariés éligibles impactés par la pandémie de Covid-19 (d'une valeur totale de 1,3 MMDH ; -350.000 bénéficiaires par rapport à mai).