Dans l'objectif de soutenir l'activité économique en ce temps de crise Le contexte actuel l'impose. Bank Al-Maghrib revoit à la baisse son taux directeur. Compte tenu de l'évolution récente de la conjoncture économique marquée par des conditions climatiques défavorables et une crise sanitaire de grande ampleur, la banque centrale a procédé à la réduction de 25 points de base du taux directeur pour le fixer à 2%. Cette décision qui intervient en soutien à l'activité économique en cette période de crise a été accompagnée par une actualisation des prévisions économiques pour les mois à venir. Bank Al-Maghrib anticipe à cet effet une stagnation de la croissance à 2,3% en 2020 et espère un rebond de 3,8% en 2021. C'est ce qui ressort du premier conseil de BAM au titre de l'année 2020. Ainsi, la valeur ajoutée agricole devrait régresser à 2,7% d'ici fin 2020, et ce avec une récolte céréalière estimée sur la base des données relatives aux conditions climatiques et à l'état de la végétation disponibles au 10 mars, à 40 millions de quintaux. Le rythme des activités non agricoles devrait ralentir pour sa part à 2,9%. Ces deux agrégats se redresseraient en 2021. BAM table ainsi sur une valeur agricole en hausse de 8,1% et une croissance non agricole améliorée à 3,3%. «Ces prévisions restent entourées de fortes incertitudes et sont sujettes à une révision à la baisse si la propagation de la pandémie Covid-19 au niveau mondial n'est pas contenue à court terme», indique la banque centrale lors de cette réunion trimestrielle qui s'est déroulée mardi 17 mars. Après s'être établie à un niveau faible de 0,2% en 2019, l'inflation est passée à 1,3% en janvier 2020. Cette évolution est portée essentiellement par une hausse, après une baisse une année auparavant, des prix des produits alimentaires à prix volatils. «L'inflation devrait se situer à 0,7% en moyenne sur l'ensemble de l'année et s'accélérer à 1,2% en 2021, avec une augmentation graduelle de sa composante sous-jacente de 0,6% en 2019 à 1% puis à 1,3% en 2021», avance BAM. S'agissant des comptes extérieurs, BAM anticipe un allégement du déficit du compte courant à 3,5% en 2020 et à 2,5% du PIB en 2021. «Les importations continueraient à progresser à un rythme modéré en 2020 avant d'enregistrer une accélération en 2021, reflétant principalement l'évolution de la facture énergétique», observe Bank Al-Maghrib qui s'attend par la même occasion à une nette accélération des exportations, et ce sous l'effet essentiellement de la hausse de la production que devrait connaître la construction automobile selon les chiffres annoncés par l'usine PSA. L'impact de la crise pandémique sur les recettes voyages est prévisible. Ces dernières devraient s'inscrire en diminution en 2020 avant de reprendre leur élan en 2021. BAM anticipe par ailleurs une stabilisation des recettes des IDE, en l'occurrence à 3% du PIB en 2020, avant de progresser à l'équivalent de 3,2% du PIB en 2021. Les réserves internationales nettes grimperaient à 246 milliards de dirhams en 2020 avant de se situer à 251,9 milliards de dirhams en 2021, assurant ainsi une couverture de plus de 5 mois d'importations de biens et services. En ce qui concerne les conditions monétaires, BAM indique que le taux de change effectif réel est ressorti en appréciation de 1,1% en 2019, résultant notamment d'un net accroissement de la valeur de la monnaie nationale en termes nominaux. «Celui-ci devrait s'atténuer sensiblement en 2020 et se dissiper en 2021», précise la banque centrale. Et de poursuivre qu'en «tenant compte également d'une inflation domestique inférieure à celle des principaux partenaires et concurrents, le taux de change effectif réel connaîtrait une quasi-stabilité sur l'horizon de prévision». Pour ce qui est des taux débiteurs, le conseil de BAM rappelle qu'ils ont enregistré une baisse de 15 points de base en 2019 ayant profité principalement aux particuliers et aux TPME. Ils se sont ainsi établis, en moyenne, à 4,91% au quatrième trimestre de l'année . La banque centrale a observé également lors de sa réunion trimestrielle une nette accélération du crédit bancaire en 2019. Il a grimpé à 5,3%, avec une amélioration notable des prêts aux entreprises privées. «Les dernières données relatives au mois de janvier indiquent la poursuite de cette orientation», confirme Bank Al-Maghrib. Le crédit au secteur non financier devrait afficher une progression de 4,5% en 2020 et ce sur la base des prévisions de la croissance et des effets attendus du programme intégré d'appui et de financement des entreprises. Il devrait par ailleurs se renforcer de 5,3% à l'horizon 2021. Bank Al-Maghrib souligne par ailleurs que le déficit budgétaire hors privatisation connaîtrait une légère atténuation à 4% compte tenu de la conjoncture actuelle pour revenir à 3,9% en 2021. Hormis le Covid-19, des sujets d'actualité ont été à l'ordre du jour du conseil de Bank Al-Maghrib. Il était question de s'enquérir du déroulement de la mise en œuvre du programme intégré d'appui et de financement des entreprises mis en place suite au discours de Sa Majesté le Roi du 11 octobre 2019. Le conseil a également fait le point sur les développements du marché de change suite à la décision d'élargissement, à partir du 9 mars 2020, de la bande de fluctuation du dirham par rapport au cours de référence de ±2,5 à ±5%. Il a été noté à cet égard que cette nouvelle phase de la transition est initiée à un moment approprié et que le marché continue de fonctionner dans de bonnes conditions.