Farid Mezouar, (directeur de flm.ma) Contrairement à la majorité des marchés boursiers mondiaux, la Bourse de Casablanca n'a pas eu de cadeau de la part de la Banque Centrale en 2019. En effet, malgré les pronostics de certains observateurs, le dernier Conseil de BAM a jugé que le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé. En particulier, lors de la conférence de presse habituelle, le Wall de BAM, Abdellatif Jouahri a indiqué que le maintien du taux directeur se justifie par une vision moyen-long terme qui s'oppose au raisonnement court terme des marchés. En effet, la prudence s'impose avec le Brexit et avec le début du mandat de Christine Lagarde à la BCE. Aussi, il a rappelé que BAM a pris sa décision sur la base de l'analyse de ses experts. En effet, le communiqué de BAM avait évoqué une reprise de la croissance et de l'inflation en 2020 et 2021. Ainsi, pour BAM, si l'inflation a connu une forte décélération au cours des dix premiers mois de 2019 (de 1,9% en 2018 à 0,3% en 2019), c'est principalement à cause du recul des prix des produits alimentaires. Aussi, selon la banque centrale, la composante sous-jacente de l'inflation devrait passer de 0,6% cette année à 1,3% en 2020 puis à 1,9% en 2021 notamment sous l'effet e l'amélioration prévue de la demande intérieure. Par ailleurs, au niveau des prévisions économiques, sur l'ensemble de l'année 2019, la croissance devrait s'établir, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, à 2,6% en 2019 après 3% en 2018, avec une augmentation de 3,3% des activités non agricoles après 2,6%. Ces dernières continueraient leur raffermissement à moyen terme, avec une croissance de 3,5% en 2020 et de 3,7% en 2021. Au total, Bank Al-Maghrib table sur une accélération de la croissance à 3,8% en 2020 et sur sa consolidation à 3,7% en 2021. Aussi, le crédit bancaire au secteur non financier, devrait finir l'année en hausse de 4% et continuerait de se renforcer avec des progressions de 4,7% en 2020 et de 5% en 2021. De plus, le déficit du compte courant s'allégerait à 4,6% du PIB en 2019, après avoir atteint 5,5% en 2018. A moyen terme, il poursuivrait son atténuation, revenant à 3,7% du PIB en 2020 et à 2,9% en 2021. Enfin, le déficit budgétaire hors privatisation se situerait à 4,1% du PIB en 2019 après 3,7% en 2018. A moyen terme, le déficit hors privatisation avoisinerait selon BAM, 3,8% du PIB en 2020 et 3,5% en 2021. En conclusion, tout n'a pas été perdu par la Bourse après le non changement du taux directeur car la justification de BAM a été dans un sens positif pour le marché actions. En effet, la banque centrale s'attend à une reprise progressive de la croissance ainsi qu'à une hausse des crédits bancaires. De même, BAM prévoit une résorption du déficit budgétaire ainsi que du déficit courant. Enfin, l'inflation sous-jacente devrait repartir à la hausse, validant ainsi la vision optimiste de BAM.