Trois nouveaux militants connus du «Hirak», le mouvement de contestation antirégime en Algérie, ont été interpellés dimanche, a-t-on appris auprès d'ONG de défense des droits de l'Homme et des prisonniers. Hakim Addad, Zoheir Keddam et Fodil Boumala, qui ont déjà été arrêtés précédemment, ont été appréhendés séparément par la police à Alger, a précisé Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Le motif exact de ces interpellations n'est pas connu. «Pour nous, cela ne participe pas à l'apaisement et au retour de la sérénité, bien au contraire», a estimé Saïd Salhi. Militant des droits de l'Homme, Hakim Addad est un animateur du «Hirak» et membre fondateur du Rassemblement action jeunesse (RAJ), une association à la pointe de la contestation cible de la répression des autorités. Fodil Boumala est un journaliste qui doit comparaître mardi pour «atteinte à l'unité nationale». Arrêté le 18 septembre 2019, il avait été acquitté le 1er mars en première instance par un tribunal d'Alger, et libéré après près de six mois passés en détention provisoire, mais le procureur a interjeté appel. Quant à Zoheir Keddam, il est membre des «gilets oranges» de la «Silmiya» («Pacifique»), «force d'interposition» citoyenne qui s'est donnée pour mission de prévenir les heurts entre policiers et manifestants et maintenir le calme qui a fait la force des marches hebdomadaires du «Hirak». La maladie de Covid-19 en Algérie n'empêche pas les autorités de poursuivre et condamner militants du «Hirak», opposants politiques, journalistes et internautes. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de solidarité, au moins une soixantaine de détenus d'opinion sont actuellement derrière les barreaux, la plupart pour des publications sur Facebook. Samedi, trois militants du «Hirak», Merzoug Touati, Yanis Adjila et Amar Beri, ont été incarcérés après avoir tenté de participer à un rassemblement de soutien aux prisonniers politiques à Béjaïa, au nord-est d'Alger. Ils doivent être jugés mercredi. Ils sont notamment accusés d'«incitation à attroupement non armé» et «mise en danger de la vie d'autrui durant la période du confinement», selon Kaci Tansaout, porte-parole du CNLD. Toute forme de rassemblement est strictement interdite en Algérie en raison de la crise sanitaire. Après plus d'un an de mobilisation, des figures et les organisations proches du «Hirak» avaient appelé d'elles-mêmes à suspendre «temporairement» les rassemblements tant que sévirait la pandémie. Mais avec le début du déconfinement, le pouvoir craint une reprise des manifestations. Née en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens, la contestation réclame un changement du «système» en place depuis l'indépendance en 1962. En vain jusqu'à présent, même si elle a obtenu en avril 2019 le départ du président Abdelaziz Bouteflika après vingt ans au pouvoir.