Dans son numéro paru début avril, Le Monde diplomatique a consacré deux pages au Maroc. Il est fort dommage que des réflexions économiques et sociales de grands analystes marocains pur produits du Maroc soient noyées dans des semblants de déclarations de personnes lambda choisies ici et là pour déverser votre fiel sans illustrer « l'analyse » du journal. Certes des mécontents existent partout, dans chaque pays, dans chaque région, dans chaque ville, dans chaque quartier. Et il y a lieu de l'être parfois. Mais pourquoi quand on se veut un journal de référence, faire des erreurs de débutants, comme passer du style reportage -qui n'en est pas un d'ailleurs car ce genre journalistique répond à des critères bien précis dont mettre en scène un échantillon large de la population pour être représentatif- à papier d'analyse et dilluer une réflexion ? Certainement car le propos était prépayé et devait arriver promptement à une conclusion …à laquelle arrive le papier d'ailleurs : espérer des manifestations à la libanaise au Maroc. Pourquoi suggérer ce modèle pour le Maroc qui est tellement loin géographiquement, politiquement et culturellement du Maroc ? Comment un journaliste français pur produit de la France, pays proche historiquement et géographiquement du Maroc, peut-il commettre une erreur en comparant deux modèles si éloignés ? C'est alors que la signature de l'article ainsi que le nom du directeur de publication, Serge Halimi, nous interpellent, de même qu'une page plus haut où Le Monde diplomatique exhorte ses lecteurs à s'abonner pour permettre au journal de survivre au coronavirus. Quel lien y a-t-il entre le Maroc et le Liban si l'on excepte le copain de Halimi, le prince Moulay Hicham dont la mère est libanaise et qui porte donc du sang libanais ? Aucun ! Ainsi, le papier, cousu de fil blanc pour verser dans un syllogisme tellement lointain du style argumenté et construit que nous aimions -et qui était il y a longtemps le propre de celui qu'on intitulait respectueusement Le Monde diplo, pour parler des conditions économiques et sociales au Maroc- a tenté les figures de style syllogisme et suggestion pour espérer l'imprimer dans le mental de ses lecteurs. Mais on est loin d'Aristote et de Bernheim. Et même en état « d'hypnose » que peut avoir l'effet du confinement imposé par coronavirus, l'artifice est trop grossier. Monsieur Serge Halimi, bien que notre organe de presse soit jeune, il est vigoureux. Monsieur Serge Halimi, par le biais de votre journaliste, puisque vous êtes le nègre de service, nous allons vous apprendre des choses pour vous permettre de mieux affuter vos arguments la prochaine fois que vous avez besoin de remplir les caisses de votre commerce. Avant de commencer par accuser l'ancien modèle de développement de faillite, comme si c'était un scoop, le Maroc ne vous a pas attendu pour cela. Le Roi Mohammed VI, en annonçant une commission spéciale pour réfléchir sur un nouveau modèle de développement, a souligné à l'ancien ses limites. Il a tranché de manière prospective en prenant une décision pour maintenir son pays dans la courbe ascendante du développement humain, social, et économique. Car, avait-il insisté, la réduction des disparités « sociales, spatiales, territoriales », requiert un nouveau modèle de développement reposant sur « l'impératif de justice sociale et une nouvelle politique territoriale à laquelle la régionalisation avancée contribuera». Et non pas sur le fait qu'une institutrice trouve qu'il y a plus d'islamistes à Tanger qu'à Fnideq. Et si vous voulez vous assurer que les gens chez nous sont traités « comme des moustiques », comme vous avez titré sans vergogne et sans gêne votre « reportage », demandez à votre compatriote Laurent Balestra et à sa famille qui ont séjourné parmi nous plus de trois semaines. Ils vous diront comment vivent les Marocains, et vous diront aussi comment les Marocains les ont guéris du coronavirus qu'ils portaient à leur arrivée de France. Nous allons vous parler de la Constitution marocaine que vous n'avez pas évoquée : là aussi le Roi a tranché et encore une fois de manière prospective. L'annonce avait été faite par le biais de Abdeltif Menouni, universitaire constitutionnaliste conseiller au cabinet royal, qui après avoir énuméré les avancées de la nouvelles Constitution – nous vous en suggérons la lecture sous l'œil d'un juriste constitutionnaliste- a affirmé l'été dernier que des dispositions sont éventuellement à « perfectionner » pour se diriger vers une monarchie parlementaire. Puis-je vous rappeler -et excusez-nous d'avoir comme résonance dans nos têtes des philosophes comme Michel Onfray plutôt que des fielleux comme votre copain qui n'apporte au débat ni valeur ajoutée ni contribution financière à bon escient dans le développement humain en temps de crise – la phrase de Michel Onfray qui dit en substance « un chef prend des décisions en temps de crise, (…) il ne va pas à droite puis à gauche puis à droite puis à gauche… ». Rappelez-vous monsieur Serge Halimi que la politique c'est l'art de la décision, et par là nous renvoyons le docteur en sciences politiques à ses cours et à votre propre titre : L'Opinion, ça se travaille. Que ce soit vous qui l'ayez choisi, votre éditeur ou le co-auteur, c'est un titre plein de bon sens. Ce qui ne l'est pas c'est la manipulation de l'information … sujet de cet ouvrage, n'est-ce pas ?