Il est convenu qu'avec nous ne pouvons pas vivre sans les dérapages verbaux et sans les discours d'apparat du PJD (islamiste, à la tête de la coalition gouvernementale). On aurait voulu croire que les vacances de l'assemblée législative seraient une occasion de trêve pour les infatigables «lieutenants» de Dieu sur terre, qui croient influencer les électeurs avec des leçons démagogiques. Le 17 février, Najib Boulif, ancien ministre chargé des affaires de la gouvernance, membre du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) s'est prononcé contre le prêt à intérêt (même faible), en s'appuyant sur des textes religieux qui, selon lui, désavouent le système de crédit actuel. Une sortie hostile au plan d'aide pour les petites entreprises et la jeunesse lancé par le Roi Mohammed VI, et qui prévoit la création annuelle de 27.000 emplois, en accompagnant tous annuellement 13.500 nouvelles sociétés. Ainsi Boulif, selon lequel le Coran condamne le prêt à intérêt sans ambiguïté, s'est pourfendu d'un discours contre la pratique du prêt à taux faible ou abusif soit-il, appelant à aller vers les banques islamiques (BI) actuellement les seules, toujours d'après lui, permettant d'exercer une activité bancaire sans taux d'intérêt. Najib Boulif était membre de deux coalitions gouvernementales (2012-2019), qui ne semblaient parfois plus en mesure de rembourser les seuls intérêts de la dette publique sans s'endetter davantage. Boulif, dont l'action ministérielle est calamiteuse, profitait sans vergogne des avantages financiers liés à son mandat : il faisait partie pendant de longues années de ces « privilégiés » d'un autre âge, qui cumulent primes et indemnités, roulent en voiture de fonction, occupent, aux frais du contribuable, des adresses de luxe. Aucun mot sur le régime très particulier des retraites des ministres, montré du doigt par les acteurs de la société civile. Rien sur ses retraites très confortables, ses parachutes dorés, l'attribution à vie de facilités non méritées alors que le Maroc traverse une situation économique, plus que délicate. Malgré cela, l'ex-ministre, au lieu de saluer l'initiative annoncée le 29 janvier, qui consiste en un grand plan d'aide à la création de petites entreprises, en accordant aux jeunes des crédits à bas taux surtout dans les zones rurales pour réaliser leurs projets, verse dans la démagogie la plus crasse. Ce plan porté par le Roi Mohammed VI, plafonne à 1,75 % le taux d'intérêt des crédits bancaires pour les bénéficiaires en zone rurale et à 2 % en zone urbaine, très touchés par le chômage. Najib Boulif ne s'est point exprimé sur le nouveau modèle de développement voulu par le Monarque, sur les profondes inégalités sociales, sur la nécessité de fluidifier les circuits bancaires, sur les procédures d'accompagnement des projets. En revanche, il sait prendre fait et cause pour des banques qui font vendre des produits financiers classiques en les présenter comme étant conformes à la charia, qui encourent sans cesse le risque de crédit, la difficulté de rééchelonner les dettes et la non-rentabilité ; oui ce même Boulif qui faisait partie de deux gouvernements lesquels, pour honorer les engagements financiers du Maroc vis-à-vis de ses créanciers extérieurs, se sont endettés sauvagement, défiant la souveraineté de notre pays. En 2020, pour attirer des électeurs, on réactive l'idée de châtiment et de récompense présente dans l'eschatologie islamique, par populisme et par démagogie. Boulif, fidèle à l'opportunisme populiste et électoraliste, appelle à adopter un comportement financier en accord avec les préceptes religieux, alors que son parti n'a cessé de noyer le pays dans dans des crédits.