Quand on mélange, à ce point, la télé de mauvaise qualité et une foi racoleuse dans une société travaillée par l'intégrisme, on crée un sous-savoir religieux démagogique, populiste et intégriste. Al Qaradawi, mufti du Maroc ? Les gens qui prennent au sérieux les affaires de religion se posent cette question depuis que ce grand prêtre cathodique devant l'Eternel vient d'autoriser des Marocains, en général pauvres, à contracter des crédits pour acquérir des logements sociaux. De quoi se mêle-t-il ? Notre mufti satellitaire relayé par une presse islamiste fervente a rendu licites ces prêts malgré le fait qu'ils reposent sur le principe du taux d'intérêt. Il est vrai qu'avant Al Qaradawi, les Marocains boudaient massivement les crédits bancaires qui heurtaient leur foi. Cette fatwa marque, donc, de fait l'an 1 du système bancaire marocain. Soyons sérieux ! La légitimité de ce mufti est strictement télévisuelle. Elle obéit plus au principe du «star-system» oriental et de l'audimat de la rue arabe déboussolée qu'au canon de l'exégèse coranique et de ses sciences connexes. Quand on mélange, à ce point, la télé de mauvaise qualité et une foi racoleuse dans une société travaillée par l'intégrisme, on crée un sous-savoir religieux démagogique, populiste et intégriste. Que cela vienne d'Al Qaradawi, un champion en la matière, ne nous étonne guère. C'est le même imam «satanique» qui, au pire des pics du terrorisme, ratiocinait en direct, pendant des heures, sur le bien-fondé du Jihad et du Benladenisme.