L'armée malienne a entamé lundi 10 février son déploiement vers Kidal dans le nord du Mali, afin de reprendre le contrôle de cette ville symbole qui échappe de longue date à l'autorité de l'Etat malien, a indiqué le président Ibrahim Boubacar Keita. L'armée malienne «est aujourd'hui, au moment où nous nous parlons, en mouvement vers Kidal, et je crois que c'est une très bonne chose», a déclaré le président malien dans un entretien avec France 24 et Radio France Internationale. Il a aussi reconnu pour la première fois l'existence de contacts avec les groupes jihadistes, les justifiant par la nécessité d'explorer les voies d'une sortie de crise après huit années de guerre. « Le nombre aujourd'hui des morts au Sahel devient exponentiel et je crois qu'il est temps que certaines voies soient explorées », a déclaré M. Keïta. Son haut représentant dans le centre du pays, l'ex-président Dioncounda Traoré, « est en mission pour moi » et « a le devoir d'écouter tout le monde », a-t-il ajouté. Dans un contexte de grave détérioration sécuritaire au Mali et au Sahel, le retour de l'armée nationale à Kidal, aujourd'hui sous le contrôle d'ex-rebelles touareg, est anticipé comme une affirmation forte d'un rétablissement de l'autorité de l'Etat malien, qui ne s'exerce plus sur de larges pans du territoire. Human Rights Watch a appelé lundi Bamako à mettre fin à la quasi impunité des groupes armés islamistes et d'autodéfense communautaires, responsables l'an dernier d'un nombre record d'atrocités qui ont coûté la vie à plus de 450 civils dans le centre du Mali. Le détachement devrait entrer dans Kidal vendredi 14 février, a ajouté le président malien, le temps de rallier la ville par la piste à partir de Gao, à environ 200 km plus au sud. M. Keïta a cependant souligné que le trajet était dangereux, dans un pays où les forces armées sont constamment la cible d'attaques djihadistes. «Il est donc normal que l'état-major, et que les parties en présence, les forces maliennes et les forces alliées, jouent de prudence», a-t-il dit. Mais vendredi, «en principe», le retour de l'armée malienne à Kidal «devrait être une réalité», a-t-il déclaré. Ce sont environ 200 hommes qui se sont mis en route pour Kidal à bord de quelques dizaines de véhicules, a dit un officier malien sous le couvert de l'anonymat. L'opération bénéficie du soutien de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) et de Barkhane, la force antidjihadiste française au Sahel, a dit un membre du commandement malien, également sous le couvert de l'anonymat.Video Player is loading. Le retour de l'armée malienne à Kidal est considéré comme déterminant pour la mise en oeuvre de l'accord de paix d'Alger de 2015. L'application de cet accord passe pour un facteur primordial d'une sortie de crise au Mali, confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts.