Le Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, annonce l'ouverture d'un dialogue avec les chefs jihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Ibrahim Boubacar Keïta a admis, lundi, avoir établi un contact avec les groupes djihadistes qui sévissent au Sahel. Une mission qu'il a confiée à Dioncounda Traoré, ancien président malien, et dont il attend les résultats. « Le nombre aujourd'hui des morts au Sahel devient exponentiel et je crois qu'il est temps que certaines voies soient explorées », a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta dans un entretien avec la chaîne France 24 et Radio France Internationale (RFI). « Aujourd'hui, le Sahel est dans une situation très préoccupante. Nous sommes obligés de faire des constats. Au long de ces derniers mois, nous avons senti comme une sorte d'aguerrissement des forces adverses, nous avons senti une meilleure maîtrise du terrain, et nous y avons vu quelque part, peut-être, l'arrivée d'éléments venant de là d'où ils ont été chassés : le Proche-Orient, la Syrie, l'Irak. Ces éléments-là n'ont pas eu beaucoup de mal à emprunter le grand boulevard qu'offre la Libye pour se retrouver chez nous au Sahel. Tout cela ne cesse d'interpeller », a-t-il poursuivi. Soulignons que, fin janvier, le haut représentant du Président pour le centre du Mali, Dioncounda Traoré, lui-même ancien président, avait indiqué avoir «personnellement envoyé des émissaires en direction d'Amadou Koufa et Iyad [NDLR : les deux principaux dirigeants djihadistes du pays]. «Nous sommes prêts à lancer les passerelles pour dialoguer avec tout le monde (…) Il faut à un moment donné s'asseoir autour d'une table et discuter», avait-il dit. Dioncounda Traoré, «est en mission pour moi» et «a le devoir d'écouter tout le monde», a dit le président Keïta. Sa mission consiste à déterminer si certains dans l'entourage des chefs peuvent être «sensibles à un discours de raison», a dit Ibrahim Boubacar Keïta. Combattre les groupes djihadistes et dialoguer avec eux n'est «pas antinomique», a-t-il dit. A noter que le centre du Mali ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins, ont connu ces derniers mois une succession d'attaques djihadistes meurtrières contre les soldats et les civils, sans que les forces nationales et étrangères présentes dans la région parviennent à les enrayer. Face à ce cycle de violences, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) a recommandé en mai 2019 d'établir un dialogue avec les djihadistes et leurs partisans, préconisant «un changement de cap» combinant pression militaire, dialogue et désarmement pour amener les chefs djihadistes à la table des négociations.