« Les demandeurs d'asile et les migrants en Grèce et tout au long de la route des Balkans occidentaux paient le prix d'une UE divisée ». Ce constat est de Benjamin Ward, qui s'exprimait ce mercredi à Bruxelles, en marge de la présentation du Rapport mondial 2016 de Human Rights (HWR). Pour lui, la « politique incohérente du chacun pour soi appliquée par les gouvernements de l'UE face au million d'arrivées enregistrées cette année a transformé un défi gérable en véritable crise politique ». Dans ce rapport annuel, HWR décrit notamment l'évolution de la situation dans dix pays membres de l'UE, au terme d'une année marquée par l'arrivée massif de réfugiés en Europe et par la multiplication des attentats en Europe. Pour HRW, ces deux facteurs ont conduit de nombreux gouvernements à restreindre les droits humains. Concernant les demandeurs d'asile, il est écrit que l'Union européenne « a peiné à élaborer une réponse efficace et fondée sur des principes » lors de l'arrivée de centaines de milliers de demandeurs d'asile, « laissant s'installer la discrimination et l'intolérance ». Plus loin dans le texte, le Rapport dénonce la montée de la xénophobie et de l'islamophobie en Europe. Toujours au sujet des réfugiés, HRW tire la sonnette d'alarme au sujet de l'exploitation des faits divers, prenant l'exemple de l'affaire des agressions sexuelles à Cologne. Pour Human Rights Watch, les responsables de ces délits doivent répondre de leurs actes, mais cela ne doit pas servir de prétexte pour instaurer des politiques régressives en matière d'asile, sachant que « l'identification par la police de demandeurs d'asile parmi les suspects (…) a enhardi ceux qui appelaient à fermer les frontières ». En ce qui concerne la multiplication des attentats en Europe, HRW rappelle qu'au terme de l'année 2015, qui s'est achevée avec les attaques terroristes à Paris, « la dégradation de la situation sécuritaire a donné lieu à l'adoption de mesures d'urgence en France et au renforcement des contrôles aux frontières, y compris à l'intérieur de la zone de libre circulation de Schengen ». Cette « politique de la peur » dénoncée par HWR serait contre productive. Le rapport précise que « les événements de la dernière décennie ont montré à l'Europe que les mesures antiterroristes qui violent les droits humains font le jeu de ceux qui nous attaquent ».