Le Pr Chafik Chraibi, considéré comme un fervent défenseur de la lutte contre l'avortement clandestin au Maroc, a déploré le fait que le sujet soit aujourd'hui « complètement tombé aux oubliettes », lançant au passage un appel à la société civile et à la presse pour qu'ils remettent l'avortement dans leurs priorités. Le Pr. Chraibi qui s'est confié, mardi soir à barlamane.com, considère qu'il y a en ce moment « un silence total » sur ce dossier, « même dans la presse, alors qu'elle me donnait l'impression de militer dans le même sens » , tient il à préciser. L'ex chef de service à la Maternité des Orangers (Rabat), connu pour être avoir été le premier à sensibiliser l'opinion au sujet de l'avortement au Maroc, s'est dit aujourd'hui inquiet devant la tournure que prennent les choses, d'autant plus que les ministères de la Santé et de la Justice ne répondent plus aux courriers de l'association AMLAC qu'il préside. Le médecin militant a tenu à rappeler que le 16 mars 2015, les deux ministères avaient été chargées par le roi Mohamed VI de faire le suivi du dossier, après que le chef de l'Etat ait annoncé un large débat public sur la question de l'avortement au Maroc. « Le mois dernier, l'Association Marocaine de Lutte contre les Avortements Clandestins projetait de faire une conférence de presse pour parler de l'évolution des choses. J'ai adressé des courriers aux ministères de la Santé et de la Justice afin de l'organiser ensembles le 8 décembre. On ne nous a pas répondu. J'ai repoussé la date d'un mois mais je n'ai pas eu plus de réponse » a poursuivi le Pr Chraibi. Il ajoute: « le dossier serait dans un tiroir au ministère de la Justice et je pose aujourd'hui la question, vu le silence de ce ministère: est ce délibéré? ». Pour rappel, l'AMLAC a été fondée par le Pr Chafik Chraibi en 2008 et l'association milite pour une nouvelle lecture de l'article 453, selon les définitions de l'OMS. Selon les sources, on estime qu'il y a eu ces dernières années entre 600 et 1.000 avortements clandestins par jour au Maroc.