Dans son nouveau rapport sur le Sahara, António Guterres, secrétaire général de l'ONU, a mis en exergue plusieurs violations commises par le polisario telles que des mesures répressives dans les camps, des violations des accords militaires ou encore des menaces au cessez-le-feu. Alors qu'António Guterres, secrétaire général de l'ONU, s'est félicité de la coopération dont le Maroc a fait preuve, il a notamment pointé, dans son rapport sur la situation du Sahara, les multiples violations commises par le polisario. António Guterres relève que les responsables civils de la Minurso se voient toujours refuser l'accès des camps de Tindouf, pour constater de visu la situation sur le terrain. « Le Front Polisario continue de refuser de rencontrer les dirigeants tant civils que militaires de la Mission à Rabouni, où toutes les réunions se sont tenues par le passé conformément à un usage établi de longue date« , a-t-il déploré. Il insiste à maintes reprises sur le déploiement du Polisario à Guerguerat qui viole les accords militaires et qui met en péril le cessez-le-feu en place depuis 1991. En effet, la Minurso a continué de suivre la situation de près à Guerguerat par l'intermédiaire d'une « patrouille quotidienne composée d'observateurs militaires des Nations unies basés dans la zone. Elle est intervenue de manière informelle à plusieurs reprises pour apaiser les tensions et rétablir la circulation, ainsi que pour aider des touristes étrangers bloqués dans la zone tampon« , est-il précisé dans le rapport. « Je demande que le trafic civil et commercial régulier ne soit pas perturbé« , a réitéré António Guterres dans ses recommandations, en pointant ces obstructions du polisario. D'ailleurs, le rapport mentionne que le poste militaire du Front polisario situé dans la zone réglementée à 16,6 kilomètres à l'est de Guerguerat, qui comprend deux tentes, deux à trois véhicules et entre deux et six personnes, a été épinglé pour violation en avril dernier étant donné qu'il est resté dans la zone d'accès restreint. Toutefois,« la demande soumise au Front polisario pour qu'il abandonne ce poste est restée lettre morte« , réappuie M. Guterres dans son rapport. Dans ce contexte, M. Guterres note que le Représentant permanent du Maroc auprès de l'Organisation des Nations Unies, Omar Hilale, avait écrit au Secrétaire général adjoint aux opérations de paix pour l'informer que « les personnes qui bloquaient la route étaient des contrebandiers qui se faisaient passer pour des manifestants. Il indiquait dans sa lettre que le Maroc ne pouvait tolérer plus longtemps les entraves à la circulation des civils et des marchandises et informait le Secrétaire général adjoint que le Maroc pourrait être amené à intervenir si les barrages routiers persistaient ». Le numéro 1 de l'ONU a également souligné les règles adoptées par le polisario pour contrôler les points de passage entre les camps de réfugiés et le territoire mauritanien et les points permettant de passer à l'est du mur de sable. M. Guterres n'a pas omis d'évoquer le dossier des disparitions forcées, des arrestations abusives et des détentions arbitraires commises perpétrées par le polisario à l'encontre de ses opposants. Le cas d'Ahmed Khalil, enlevé en 2009 dans des circonstances mystérieuses à Alger, a été épinglé. Le secrétaire général de l'ONU note également que l'utilisation de quatre nouveaux bâtiments à Tifariti par les forces militaires du Front polisario, l'utilisation de cinq postes d'observation établis par le Front Polisario à Agüenit, Bir Lahlou et Tifariti et le transfert d'une force de sécurité dans ce même secteur ont été qualifiés de violations. « Jusqu'à présent, le Front Polisario n'a pas mis fin aux violations ainsi que la Minurso le lui demandait », est-il précisé dans le rapport. S'ajoutent à cela les divergences observées entre l'ordre de bataille et le nombre d'armes lourdes détenues par les unités du polisario à Agüenit et Tifariti qui ont été qualifiées elles aussi de violation. Pire,« la demande présentée au Front polisario pour qu'il retire les armes en excédent de la zone d'accès restreint est restée sans suite« , précise le rapport. Par ailleurs, des violations des droits humains ont été également signalées par le SG de l'ONU. En effet, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a reçu des informations selon lesquelles « les forces de sécurité du Front polisario auraient harcelé, arrêté et détenu arbitrairement un blogueur et un défenseur des droits de la personne travaillant à rendre compte des violations commises dans la région et leur avaient infligé des mauvais traitements« . La malnutrition et l'anémie restent des préoccupations majeures de santé publique à Tindouf. « Le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et le PAM (Programme alimentaire mondial) ont continué de travailler en étroite collaboration à la prévention et au traitement de l'anémie, des retards de croissance et de la malnutrition chez les jeunes enfants, les filles, les femmes enceintes et les mères allaitantes« . Ainsi, les indicateurs sanitaires et nutritionnels très en deçà de la normale dans les camps de Tindouf font aussi partie des points saillants du nouveau rapport de l'ONU. En effet, « les indicateurs sanitaires et nutritionnels ont atteint des taux alarmants et l'approvisionnement en eau potable demeure très insuffisant par rapport aux normes internationales (…) Ces difficultés découlent du sous-financement chronique des opérations humanitaires dans les camps de Tindouf, provoquant le retrait de leur soutien par les donateurs qui remettent en question le fondement factuel des programmes », est-il précisé. Il semble ainsi que les mesures répressives dans les camps, l'obstruction du trafic à Guerguarat, le refus de recevoir les responsables civils de la Minurso ainsi que les indicateurs sanitaires et nutritionnels qui découlent des conditions dans lesquelles le polisario maintient la population, font partie des préoccupations d'António Guterres.