Les réactions internationales se sont multipliées, mercredi soir, à la suite de l'offensive turque dans le nord de la Syrie. Elles condamnent la décision de Recep Tayyip Erdogan. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir jeudi. Premières salves de bombardements, et premières victimes. Faisant fi des mises en garde internationales, la Turquie a lancé, mercredi 9 octobre, comme elle s'y était engagée, son offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadiste. L'offensive a provoqué un tollé international. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence jeudi. Son président en exercice, l'ambassadeur sud-africain Jerry Matthews Matjila, a appelé la Turquie à « épargner les civils » et à « exercer un maximum de retenue ». En attendant, les réactions se sont multipliées mercredi. Le président américain Donald Trump a estimé que l'opération d'Ankara était « une mauvaise idée », tout en espérant que son homologue turc Recep Tayyip Erdogan agisse de manière « rationnelle » et aussi « humaine » que possible. Deux sénateurs démocrate et républicain ont dévoilé mercredi une proposition visant à sanctionner très sévèrement la Turquie si elle ne retire pas son armée. L'Arabie saoudite condamne « l'agression de l'armée turque lancée dans le nord-est de la Syrie » contre les forces kurdes, a indiqué mercredi le ministère des Affaires étrangères du royaume. L'offensive turque risque d'avoir des « répercussions négatives sur la sécurité et la stabilité de la région » et de « saper les efforts internationaux de lutte contre le groupe terroriste Etat islamique », a écrit le ministère sur Twitter. Le ministère des Affaires étrangères du Bahreïn, qui a également condamné l'offensive turque, souhaite convoquer une réunion d'urgence du Conseil de la Ligue des Etats arabes afin de répondre de façon unie à la situation. De son côté, le président russe Vladimir « Poutine a appelé ses partenaires turcs à bien réfléchir à la situation afin d'éviter de porter atteinte aux efforts communs visant à résoudre la crise syrienne ». « L'UE appelle la Turquie à mettre fin à l'initiative militaire unilatérale », déclarent les 28 Etats-membres dans un texte commun. « Il est peu probable que la prétendue ‘zone de sécurité' envisagée par la Turquie dans le nord-est de la Syrie réponde aux critères internationaux en matière de retour des réfugiés », soulignent-ils, ajoutant que l'UE ne fournirait pas « d'aide à la stabilisation ou au développement dans les zones où les droits des populations sont ignorés ». Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a exprimé sa « sérieuse préoccupation » après l'offensive « unilatérale » de la Turquie contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie. Cette opération « risque de déstabiliser la région, exacerber la crise humanitaire et saper les progrès accomplis dans la lutte contre Daech », a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères dans un communiqué, avertissant que le Royaume-Uni ne « soutiendrait pas de projets de rapatriement [de réfugiés syriens] tant que les conditions ne seraient pas en place pour un retour volontaire et sûr ». Pour rappel, l'offensive turque a été annoncée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont l'objectif est d'éloigner de la frontière la puissante milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG). « Les forces armées turques et l'Armée nationale syrienne [des rebelles syriens soutenus par Ankara] ont débuté l'opération "Source de paix" dans le nord de la Syrie », avait annoncé M. Erdogan sur Twitter.