La Turquie garde la main sur 120 km de la frontière syro-turque, dans une région au nord-est où son armée a pris le contrôle au cours de son offensive déclenchée le 9 octobre contre les kurdes. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé samedi de chasser « les terroristes" de la frontière syro-turque si les milices kurdes syriennes ne se retiraient pas de cette zone dans les délais prévus par l'accord conclu entre Ankara et Moscou. "Si les terroristes ne se retirent pas au terme des 150 heures, nous prendrons le contrôle et nous les chasserons nous-mêmes", a-t-il déclaré dans un discours télévisé, en référence aux combattants kurdes des YPG (Unités de protection du peuple). Conformément à l'accord conclu mardi dernier entre le président russe Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan à Sotchi , la Russie doit "faciliter le retrait" des forces kurdes et leur armement d'une bande de 30 km de profondeur le long de la frontière, dans le nord-est de la Syrie, frontalier de la Turquie. Les Russes et les Turcs ont prévu de débuter des patrouilles communes à la frontière après le délai de 150 heures prévu par l'accord, qui expire mardi. R.T. Erdogan a souligné que la Turquie avait atteint son objectif d'établir une "zone de sécurité" pour se protéger d'attaques de la part des jihadistes du groupe Etat islamique et des combattants kurdes des YPG, qu'Ankara considère comme des "terroristes". Ankara et Washington avaient conclu un accord sur le retrait des YPG dans cette zone de 120 km entre les villes syriennes de Tal Abyad et Ras al-Aïn. Mais M. Erdogan a affirmé samedi que les Etats-Unis n'avaient pas été en mesure de "nettoyer la zone". "Ils nous ont envoyé une déclaration écrite disant qu'ils avaient nettoyé la zone au bout de 120 heures, mais malheureusement ils n'ont pas pu ", a-t-il affirmé. Plus tôt dans la journée, le ministère turc de la Défense avait fait état d'attaques au mortier et de tirs de sniper" par les YPG dans la zone de 120 km. Le Président turc a une nouvelle fois averti l'Europe que "s'il n'y a pas de soutien pour les projets que nous développons afin de permettre le retour d'un à deux millions réfugiés dans une première étape, nous n'aurons pas d'autre solution que d'ouvrir nos portes et de les laisser aller en Europe". Par ailleurs, une proposition allemande de déployer une force internationale incluant des soldats européens pour établir une "zone de sécurité" dans le nord-est de la Syrie a été refusée catégoriquement par le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. "A ce stade, nous ne la trouvons pas vraiment réaliste", avait t-il déclaré,lors d'une conférence de presse avec son homologue allemand Heiko Maas.