Alors que la politique de mégaprojets qui s'appuie sur la puissance d'investissement de l'Etat provoque l'ire de la population, des manifestations sont attendues aujourd'hui en Egypte pour dénoncer la corruption, la concentration du pouvoir et la situation économique. Les chantiers architecturaux faramineux ; la course frénétique à la modernisation des infrastructures alors même que le pays subit une crise économique sans précédent, la dégradation sociale : la rue égyptienne est en ébullition. De nouvelles manifestations contre le président Abdel Fatah al-Sissi pourraient mettre le feu aux poudres vendredi. Des cortèges qui réactivent la mémoire de la grande révolution de 2011. Après les premières protestations le 20 septembre, la présence policière a été renforcée dans toutes les grandes villes du pays, en particulier sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011 qui a chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir. Vendredi matin, tous les accès à la place Tahrir étaient fermés à la circulation, mais pas aux piétons. Les premières manifestations, la semaine dernière, avaient créé la surprise dans un pays où l'opposition a été sévèrement réprimée depuis la mise à l'écart en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi, renversé par M. Sissi, alors chef de l'armée. Réagissant sans délai, les autorités ont procédé à l'arrestation d'environ 2.000 personnes, dont des journalistes, des intellectuels et des militants politiques, selon Human Rights Watch et des ONG locales de défense des droits humains. Dans la première réaction du pouvoir aux manifestations, le procureur général a affirmé dans un communiqué qu'un millier de personnes avaient été arrêtées et interrogées après les manifestations de la semaine dernière. Elu président en 2014, M. Sissi s'est imposé comme l'une des figures les plus autoritaires du Moyen-Orient, écartant impitoyablement à ce jour toute velléité de contestation. Après les protestations, des manifestations de soutien à M. Sissi ont été organisées cette semaine et devraient avoir lieu de nouveau vendredi. Dans ses vidéos, M. Aly, lanceur d'alerte, a affirmé que des millions de livres égyptiennes de fonds publics ont été utilisés dans des projets inutiles et des palais présidentiels. «Mensonges et calomnies», a rétorqué mi-septembre M. Sissi, niant en bloc les accusations de corruption et affirmant qu'il construisait des palais non pour lui-même mais pour l'Egypte. Jeudi soir, M. Aly a posté une nouvelle vidéo dans laquelle il renouvelle son appel à manifester vendredi. «C'est une révolution du peuple», a-t-il assené.