Le président Abdel Fattah al-Sissi, tout juste revenu des USA, a déclaré vendredi ne pas être inquiet face aux appels aux manifestations contre son pouvoir lancées sur les réseaux sociaux, notamment par l'entrepreneur vivant à l'étranger Mohammed Ali. La semaine dernières, des rassemblements avaient conduit à l'arrestation de près de 1000 personnes. La sécurité a été renforcée, dans toutes les grandes villes du pays, la police a même fermé la circulation à l'emblématique place Tahrir au Caire, les rues tout autour sont désertes et les policiers ont installé quelques barrières à l'entrée de chaque rue menant à la place rapportent des témoignages sur place. "Il n'y a pas de raisons de s'inquiéter", a déclaré Sissi, laissant entendre que l'importance donnée à un nouvel appel à manifester contre lui vendredi était exagérée. "L'affaire ne mérite pas tout ça!", a-t-il lancé devant un petit groupe de journalistes locaux au Caire peu après son retour des Etats-Unis. L'entrepreneur égyptien en exil, Mohamed Ali, a lancé il y a quelques semaines des appels à manifester les 20 et 21 septembre aux cris de "Sissi dégage", les rassemblements ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes. Il s'agit des premières manifestations depuis la sévère répression des rassemblements des places Rabia et Nahda, suite à la mise à l'écart de Mohamed Morsi. Les autorités ont procédé à l'arrestation d'environ 1.000 personnes, dont des journalistes, des intellectuels et des militants politiques, selon Human Rights Watch et des ONG locales. Dans la première réaction du pouvoir aux manifestations, le procureur général a affirmé dans un communiqué qu'un millier de personnes avaient été arrêtées et interrogées. Jeudi, Mohammed Ali avait posté une nouvelle vidéo dans laquelle il donnait une liste d'églises et de mosquées comme points de départ des manifestations de vendredi et dit que la place Tahrir ne sera pas le seul point de rassemblement. Le président égyptien se présente en tant que rempart contre le terrorisme depuis qu'il dirige le pays de 100 millions d'habitants. Et malgré les difficultés économiques persistantes, une grande partie d'Egyptiens voient toujours en lui le seul capable d'assurer la stabilité du pays. Des manifestations de soutien à Sissi ont d'ailleurs été organisées cette semaine et devraient avoir lieu de nouveau vendredi. Le président égyptien peut aussi compter sur le soutien massif des médias, aussi bien étatiques que privés, et jouit de soutiens à l'étranger où plusieurs pays comme l'allié américain voient en lui un rempart contre les extrémistes. Dans ses vidéos, Mohammed Ali a affirmé que des millions de livres égyptiennes de fonds publics ont été utilisés dans des projets inutiles et des palais présidentiels. "Mensonges et calomnies", a rétorqué mi-septembre Sissi à ces vidéos, niant en bloc les accusations de corruption et affirmant qu'il construisait des palais non pour lui-même mais pour l'Egypte. Dans un pays où environ une personne sur trois vit sous le seuil de pauvreté, ces propos ont été mal perçus. En effet, outre les allégations de corruption, la construction de palais au moment où le gouvernement impose des mesures d'austérité est susceptible de réveiller la colère chez de nombreux Egyptiens. Depuis 2016, le gouvernement a mis en place un programme de réforme en vue d'obtenir un prêt de 12 milliards de dollars du Fonds monétaire international. Il comprend une dévaluation de la livre égyptienne, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar, et une baisse des subventions étatiques, notamment sur le gaz, l'électricité et les carburants. #مصر | مراسل بي بي سي عبد البصير حسن يرصد الأوضاع في محيط #ميدان_التحرير pic.twitter.com/BP8Ch3BKeN — BBC News عربي (@BBCArabic) September 27, 2019