Le torchon brûle entre les Harakis. Bien que le congrès du parti ne soit programmé qu'en 2014, la succession de Mohand Laenser divise déjà les responsables du parti de l'épi. Plusieurs poids lourds de cette formation politique, membre de l'alliance gouvernementale, se positionnent en perspective du congrès. Seul bémol, la course au secrétariat général du Mouvement populaire menace aujourd'hui l'unité du parti et ses organisations. Dans ce sens, la jeunesse harakie vit au rythme d'une profonde crise qui dure depuis plusieurs jours. La révision des statuts de la jeunesse fut d'ailleurs la goutte qui a fait déborder le vase. L'actuel secrétaire général de cette organisation, Abdelaziz M. Dermoumi, qui est également membre du bureau politique et député, veut élever l'âge limite au sein de la jeunesse de 35 ans actuellement à 40 ans. Dermoumi a déjà acquis des soutiens au sein du bureau politique, notamment de Abdelkader Tatou, le vice-président du groupe parlementaire du MP, à la première Chambre. «Effectivement, je fais partie de ceux qui demandent à augmenter l'âge limite au sein de la jeunesse harakie à 40 ans. Le but est d'homogénéiser les statuts avec la loi en vigueur qui permettent à des jeunes de 40 ans d'intégrer la liste nationale dans les élections», explique M. Tatou. Sauf que d'autres responsables au sein du bureau politique ne partagent pas le même avis. C'est le cas notamment pour Mohamed Ouzzine, ministre de la jeunesse et des sports. Le fondateur de la jeunesse harakie s'oppose totalement à un tel changement. Ce dernier fut même accusé d'orchestrer un putsch contre les dirigeants actuels. Des accusations que le ministre de la jeunesse et des sports réfute catégoriquement. Contacté par ALM, il affirme agir seulement pour préserver les acquis de la jeunesse harakie. «Nous allons empêcher toute tentative destinée à tailler les statuts de cette organisation sur mesure pour permettre à un secrétaire général ou tout autre responsable de rester plus longtemps dans son poste», dit-il. Ce débat houleux sur les statuts de la jeunesse harakie n'est que l'arbre qui cache la forêt en quelque sorte. Des divergences ont éclaté au sein du groupe parlementaire mais également au bureau politique. Ce climat tendu au sein du Mouvement populaire serait principalement dû à la course au secrétariat général. Parmi les prétendants, on retrouve notamment Abdelkader Tatou et Mohamed Ouzzine. M. Tatou a d'ailleurs confirmé à ALM son ambition de devenir secrétaire général du MP, mais à une seule condition. «Je déposerai ma candidature pour le poste de secrétaire général du parti si bien évidemment notre actuel secrétaire général, Mohand Laenser, décide de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête du parti. Dans le cas contraire, je soutiendrai la candidature de Laenser», annonce-t-il. Mais selon une source bien renseignée, M. Tatou aurait déjà scellé un pacte, notamment avec les responsables de la jeunesse pour s'assurer leur soutien lors du prochain congrès. D'autres sources accusent Mohamed Ouzzine d'utiliser son réseau au sein de la jeunesse mais également ses liens de famille pour renforcer sa position. Alors que les Harakis se déchirent, les figures historiques du parti gardent toujours leurs mutisme. En attendant le prochain congrès, les tensions pourraient augmenter sensiblement. Des jours difficiles attendent le parti de l'épi.