La lettre que SM le Roi a adressée mardi aux Assises nationales sur le cinéma qui se tiennent depuis mardi à Rabat en a dominé les travaux à leur reprise mercredi où les participants lui ont rendu hommage, la qualifiant de geste insigne envers le 7ème art national. Tous ceux qui se sont succédé à la tribune, du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, au président de la commission scientifique de la conférence, en passant par le directeur du Centre cinématographique marocain (CCM), ont dit leur conviction que la lettre royale déplaçait le cinéma de la marge où il se trouvait, au centre qu'il mérite. Saluant l'impact de la lettre royale sur l'esprit des cinéastes, ils ont qualifié la lettre de SM le Roi de nouvelle donne qu'il faut mettre à profit pour pousser plus en avant les discussions sur la manière de conduire la promotion du cinéma marocain afin de le hisser au niveau des défis propres à l'époque. Cette nouvelle ambition a été nettement affirmée par Mustapha El Khalfi pour qui le cinéma national doit être un moyen de rayonnement du Maroc nouveau. Saluant au passage l'approche participative qui caractérise la conférence, il a estimé que le 7ème art marocain lui paraît pâtir de 8 problèmes que «du reste on peut ramener à 3». Appelant à faire montre de plus de créativité, il a estimé que la production doit agréger la dimension qualitative à celle de la quantité, propos qui l'ont amené à rendre un hommage appuyé à Mohamed Ousfour, pionnier du cinéma marocain. «S'il est acquis que nous avons fait des progrès depuis 50 ans, il nous incombe d'améliorer et de diversifier ce rendu», a-t-il laissé entendre. Il a estimé que les moyens existent qui le permettent car «il y a actuellement quelque 9 associations de cinéma et 3 représentatives d'activités qui lui sont liées telles que celles du théâtre et de la musique». Il a considéré que la question du passage de la production de l'approche quantitative à la qualitative exige la maîtrise du défi technologique. Pour le ministre, relever le défi est possible du fait de l'amélioration qui a été apportée au soutien à la production cinématographique par la mise en œuvre du décret de 2012. Mais pour ce faire, a-t-il dit, l'approche participative dont il a été fait montre au cours des Assises doit se retrouver en permanence dans les relations entre les Chambres professionnelles représentatives des producteurs, des propriétaires de salles et des distributeurs. Cependant, a-t-il ajouté, il faut aussi promouvoir la formation pour se donner les moyens qui ont permis au Maroc de faire présence remarquée dans 80 festivals dans le monde. Il a rappelé que cette question du contenu est l'une des injonctions de la lettre royale qui a mis le cinéma au centre après que cet art a été longtemps à la marge. Mustapha El Khalfi a appelé à se conformer aux directives de la lettre en mettant le cinéma au service de l'identité nationale et du rayonnement du Maroc. Il a déclaré qu'il avait conscience que le modèle économique du cinéma était perfectible et a invité les participants à la réunion à ne pas se focaliser sur leurs seules revendications. Le ministre a estimé qu'un autre défi est la question de l'exploitation, de la distribution et des infrastructures. Si le problème du soutien a été réglé, subsistent celui du piratage, de la propriété intellectuelle… Il a, en outre, considéré que la question de la valorisation, notamment par la formation et la critique, lui semble être un domaine à promouvoir. Il a par ailleurs laissé entendre que le texte régissant le CCM –il date de 1977– «est vieux». Noureddine Saïl pense que la production cinématographique et la présence du Maroc à l'international imposent de franchir un nouveau pas sur la voie de la promotion du 7ème art. Et cela d'autant plus qu'il considère que c'est l'un des moyens de contrer la compétition étrangère et l'invasion culturelle qu'elle véhicule. Le Maroc doit améliorer son image de producteur acquise de haute lutte avec une production de quelque 25 films – il appelle à en produire 35 – et de 40 manifestations dédiées au cinéma. Mais pour ce faire, a-t-il jugé, il faut également promouvoir la demande intérieure. Abdallah Saâf, président de la commission scientifique des Assises, a précisé pour sa part que l'objectif de la rencontre est de produire un livre blanc dans lequel seront consignés l'existant du cinéma, les objectifs de sa promotion et les moyens pour y parvenir. Il a estimé que la lettre royale à la conférence contient 3 mots-clés qui sont autant d'axes de travail : la réforme du secteur, les politiques publiques et la stratégie. Stratégie pour une vision globale générée par un travail participatif acquis à l'issue de débats et de propositions libres et définissant les objectifs à atteindre ainsi que les échéances pour y parvenir, ont estimé les premiers intervenants à la 2ème journée des Assises.