Les syndicats des collectivités locales vont faire front commun contre la circulaire 47 par laquelle, d'après eux, «le gouverneur des collectivités locales au ministère de l'intérieur aurait invité les présidents des communes à défalquer des salaires des fonctionnaires grévistes les rémunérations afférentes aux périodes durant lesquelles ils ont débrayé». Au cours d'une conférence de presse organisée au siège de l'Organisation démocratique du travail (ODT) mercredi à Rabat, le syndicat des fonctionnaires des collectivités locales qui y est affilié a annoncé une radicalisation de son opposition à la décision ministérielle et à son application. Il s'est également prononcé en faveur d'une fédération des efforts de tous les syndicats afin de donner plus de poids à l'action contre une mesure qu'il a qualifiée d'atteinte au droit de grève, prérogative citoyenne dont il a rappelé «le caractère intangible en tant que disposition constitutionnelle». Le syndicat n'a pas non plus exclu un éventuel durcissement de son action revendicative prévoyant en même temps des débrayages et des manifestations de rue. De source proche de la réunion, on a laissé entendre que des rapprochements pourraient être opérés avec les autres mouvements organisateurs de marches et de manifestations de rue. Le groupe des fonctionnaires communaux a également adressé au ministre de l'intérieur une «Lettre ouverte» dans laquelle il a mis en garde contre les conséquences probables de la nouvelle circulaire, «celles-là mêmes que le précédent gouvernement a su éviter en se ravisant d'appliquer une mesure semblable prise le 10 février 2009». Estimant la décision 47 contraire à la liberté syndicale, la centrale l'a également qualifiée de nuisible à l'esprit de reprise du dialogue social. Elle considère en outre que la responsabilité du ministère qui s'est désengagé des précédents accords intervenus entre les deux parties est entière dans l'impasse actuelle. Contacté par téléphone, le secrétaire national du syndicat, Mohamed N'haili, a convenu de la quête d'une action commune des différentes centrales représentatives du mouvement des employés des collectivités locales et de l'éventualité de marches revendicatives. Il a annoncé l'organisation prochaine d'une marche nationale sous le thème significatif de «Y a en a marre!». Cependant il a tenu à préciser que le syndicat ODT des CL s'interdit les calculs politiciens et ne compte nullement s'allier à des mouvements revendicatifs autres que syndicaux pour «faire valoir son point de vue». Il a ainsi nié la possibilité d'une marche conjointe avec le Mouvement du 20 février. «Nos revendications sont strictement sociales et syndicales», a-t-il affirmé en réponse à une question autour de la nouvelle stratégie de l'ODT-CL. Les employés des communes considèrent que le ministère de l'intérieur n'a pas à s'immiscer directement dans la gestion communale en dictant leur conduite aux présidents de ces entités, ils estiment que cela est contraire au principe de la séparation des pouvoirs, mais en tout état de cause, ce n'est pas de leur part une prise de position politique, mais simplement des revendications ouvrières et syndicales, a conclu le secrétaire national du syndicat ODT-CL.