Une autre affaire opposant le PJD au MP a éclaté. A quelques semaines de la décision du ministre de l'intérieur et secrétaire général du Mouvement populaire d'interdire l'organisation d'un meeting de la jeunesse du PJD à Tanger auquel Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement et secrétaire général du PJD, était convié. Assiste-t-on à un bras de fer entre deux composantes de la majorité gouvernementale, notamment le PJD et le Mouvement populaire ? C'est ce qui semble se dessiner au fil des jours de moins en moins paisibles de la vie de ce gouvernement mené par le parti islamiste. Jeudi 6 septembre, lors du Conseil de gouvernement, Abdelilah Benkirane a rejeté le projet de décret d'application de la loi organique sur la nomination aux hautes fonctions. Le refus de ce projet présenté par Abdelâdim El Guerrouj, ministre de la fonction publique et de la modernisation de l'administration, ministre faisant partie du Mouvement populaire, a été interprété encore une fois comme un autre signe du manque de cohésion au sein de la coalition gouvernementale. Plus encore, des observateurs faisant écho aux réactions des ministres pjidistes au sein du dernier Conseil de gouvernement ont lu en ce décret une autre tentative de limiter les pouvoirs du chef de gouvernement, notamment en ce qui concerne la nomination des hauts fonctionnaires. Toutefois, officiellement, le porte-parole du gouvernement (voir entretien p 5) se garde de toute appréciation de ce décret. «Je ne peux pas m'exprimer contre ou pour ce décret. Tout ce que je peux dire c'est que le débat autour de ce décret a été fructueux et positif mettant en exergue un certain nombre de points importants». Même son de cloche chez le ministre concerné, «un texte fondateur tel que cette loi organique 02-12 relative à la nomination aux hautes fonctions, première du genre autant que le décret de son application, ne peut être adopté sans susciter de débat». Et d'ajouter: «Un débat intense a marqué son passage au Parlement, il n'y a pas de raison pour que le débat autour du décret d'application de cette loi soit moins intense lors de sa présentation au Conseil de gouvernement». «Ceci révèle la bonne santé et la vivacité du débat au sein de cette instance de gouvernance qu'est le Conseil de gouvernement», martèle M. El Guerrouj. Et ce dernier n'a pas manqué de démentir toutes les informations selon lesquelles les dispositions du décret ont tendance à limiter les pouvoirs du chef de gouvernement. «L'objectif premier de ce décret est de définir la meilleure manière d'appliquer une politique publique conforme aux dispositions de la Constitution. Il vient ainsi définir la procédure qui doit être suivie pour la nomination aux hautes fonctions et ce en application aux principes de la Constitution et la loi organique adoptée au Parlement, notamment le mérite, l'égalité des chances, la compétence, la transparence et la parité». Et M. Guerrouj de conclure: en réfutant tout aussi les propos relayés par la presse selon lesquels l'élaboration de ce décret s'est faite en collaboration avec des parties extérieures : «Ceci est absolument faux. Ce projet de décret est un pur produit du ministère de la fonction publique, il s'est fait sans aucune collaboration ou expertise externe».